27 juillet 2008

Nicole Oresme

Nicole OresmeNicole Oresme est un des plus grands penseurs du XIVème siècle. Né dans le village d’Allemagne (l’actuel Fleury-sur-Orne) en 1325 et mort à Lisieux le 11 juillet 1382, il fut économiste, mathématicien, physicien, astronome, philosophe, psychologue, musicologue, théologien et traducteur français.

Dans pratiquement tous les domaines qu'il étudia, il se montra un remarquable précurseur. Il eut aussi le grand mérite de vouloir mettre le savoir scolastique à la portée d'un large public en traduisant en français plusieurs textes d'Aristote et en donnant des versions françaises de certaines de ses propres oeuvres. Ce travail nouveau pour l'époque a été d'autant plus important qu'il a certainement joué un rôle dans le développement de la langue française.

En 1348, il est admis au collège de Navarre, à Paris. Ce collège était ouvert sans condition de naissance, de famille ou d'âge, à tout français pauvre qui se destinait à l'étude de la grammaire, de la logique ou de la théologie. Nicole Oresme y reste treize ans et s'y distingue très vite; étudiant puis maître en divinité, il devient grand-maître le 4 Octobre 1356.

En 1360, le roi Jean II l’engage comme précepteur pour son fils, le futur Charles V.

Ainsi, pendant qu'il remplissait au collège ses diverses fonctions, il publie des oeuvres sur l'astrologie, la théologie, les mathématiques. Son traité des monnaies lui vaut d'attirer l'attention du dauphin Charles V beaucoup plus ouvert que son père Jean II à la réflexion rationnelle et morale. Ainsi le philosophe va devenir un protégé de Charles V et entrer dans une nouvelle carrière. Il séjourne également à Rouen, mais fréquente surtout la cour. Il obtient le titre de secrétaire du roi puis de conseiller et de chapelain. C'est durant cette dernière partie de sa vie qu'Oresme écrit ses oeuvres en français et publie ses traductions commentées des livres d'Aristote. Il effectuera également une mission diplomatique à Avignon, à la demande du roi, lors du schisme). Il est sera enfin sacré évêque de Lisieux le 28 janvier 1378. Charles V assiste à la cérémonie et lui offre deux anneaux d'or. Nicole Oresme s'installe définitivement à Lisieux à partir de juin 1378. Il y meurt le 11 juillet 1382. Son corps est déposé dans la cathédrale, près de la porte gauche du choeur.

En géométrie analytique, ses conjectures et démonstrations feront autorité pendant plusieurs siècles, avant que de grands mathématiciens tels que Fermat, Descartes ou Pascal mettent au point des outil de calcul plus complexes et élaborés que ceux que connaissait Nicole Oresme.

De plus, ses écrits portèrent également sur le mouvement rectiligne uniformément accéléré. Il établit que si la vitesse à l'instant zéro est nulle, la distance parcourue est proportionnelle au carré du temps. Gallilée a eu connaissance de ces travaux, et s'en est largement inspiré pour ses propres théories.

Quant à l'astrologie, Oresme défend évidemment la sphéricité du monde, mais il va encore plus loin : près de deux siècles avant Copernic, il établit deux solutions pour décrire le mouvement des étoiles : soit le ciel tourne, soit le terre tourne sur elle même. Il propose ainsi d'expliquer le mouvement diurne par l'hypothèse de la rotation de la terre sur elle-même par rapport à l'ensemble du ciel immobile, et il montre que les deux hypothèses sont équivalentes. Mais il ajoute ensuite que son hypothèse étant plus simple que celle des anciens (et de l'Eglise), elle doit surement être la bonne.

Dans bien d'autres domaines encore son génie a excellé. Ainsi, il a travaillé sur les questions de mécanique ondulatoire du son et de la lumière. Oresme a été le premier à théoriser que la nature de la couleur et de la lumière sont identiques. Il avait compris que la couleur n’est que de la lumière blanche brisée et reflétée, c’est-à-dire que « les couleurs font partie de la lumière blanche ». Cette brillante théorie a en outre été inspirée par ses investigations musicologiques : dans sa théorie des harmoniques et de la couleur de tonalité, il a établi une analogie entre les gammes musicales et le phénomène du mélange cyclique des couleurs.

Ces fragments de l’œuvre monumentale d’Oresme montrent qu’il était l’un des scientifiques les plus innovateurs à l’aube de l’âge moderne et un pionnier du monde moderne.

23 juillet 2008

La Hanse parisienne

La hanse désignait, au Moyen Âge, une association de marchands. La plus célèbre était la hanse germanique, qui faisait commerce depuis la mer du Nord jusqu'à la Baltique. Il a existé également en France des associations de marchants appelées hanses. La plus importante et la plus ancienne étant celle des marchands sur l'eau de Paris, datant de l'époque romaine.

Fluctuat nec mergitur - Blason de la ville de ParisSous saint Louis, la hanse devint définitivement la municipalité parisienne ; jusqu'alors et depuis environ un siècle, les membres de la confrérie de la marchandise de l'eau étaient appelés échevins jurés, et on donnait à leur chef le nom de prévôt des marchands de l'eau, ou prévôt de confrérie de l'eau. C'est la raison pour laquelle le blason actuel de la ville de Paris présente un navire marchand.

La hanse, par suite de l'importance que n'avait cessé d'avoir le commerce fluvial, a peu à peu absorbé tout ce qui avait rapport à l'administration de la ville et c'est pour cela que l'on considéra les chefs de cette marchandise de l'eau comme les prévôts de tout commerce parisien. Ce fut en 1268 que le chef de la hanse parisienne, Jehan Augier, fut officiellement nommé prévôt des marchands.

Les nombreux privilèges dont jouissait le corps des marchands de l'eau passèrent avec le temps au prévôt des marchands qui acquit successivement l'administration des rentes constituées sur l'Hôtel de Ville, l'ordonnance des cérémonies publiques, l'entretien, la construction des monuments de la ville, le percement des rues, etc.

Les membres de la hanse tenaient primitivement leurs réunions dans une maison commune, appelée maison de la Marchandise ; au XIe siècle cette maison prit le nom de Parloir aux Bourgeois ; elle était située à la Vallée de Misère entre l'église Saint-Leufroy et le Châtelet, à la place où s'étend aujourd'hui la place du Châtelet. Elle fut ensuite transférée en 1357 place de Grève, dans la Maison aux Piliers et prit peu de temps après le nom d'Hôtel de Ville.

Après la révolte des Maillotins, Charles VI la supprima en 1382. On compta 14 prévôts de 1268 à 1382, le plus célèbre étant Etienne Marcel, en 1355.

22 juillet 2008

L'inquisition médiévale en France

Saint Wolfgang et le démon (Michael Pacher) L'inquisition est un tribunal qui fut créé par l'Eglise Catholique en 1231 pour lutter contre les hérésies (notamment les Cathares). Elle connaît son apogée en France dans la second moitié du XIIIème siècle. La torture (ou "question") - souvent pratiquée - est officialisée par la bulle Ad extirpenda en 1252. A Paris, elle se pratiquait dans le Palais de Justice, sur l'île de la Cité, dans la tour "Bonbec" qui borde la Seine. Bon nombre de procès se terminaient alors par des bûchers collectifs.

Le problème cathare étant "résolu" au tournant du XIIIème siècle, l'inquisition juge alors hâtivement les Templiers à la demande du roi de France Philippe le Bel, puis se diversifie et s'oriente davantage vers les procès individuels. Ainsi, la turlupine Marguerite Porète est brûlée vive avec son livre.

En 1323, l'inquisiteur français Bernard Gui (immortalisé dans Le Nom de la Rose) écrit un traité qui fera référence pendant une centaine d'année : Practice Inquisitionis (de la pratique de l'inquisition)

Mais au fil du XIVème siècle, le nombre de procès en hérésie menés par l'Inquisition diminue en France. Et tandis qu'elle perd de sa toute-puissance - en raison des nombreux abus, des scandales des procès expédiés, ou de l'usage de la torture - elle se renforce en Espagne pour devenir même un contre-pouvoir de Rome au XVème siècle.

Dans le roman, l'inquisiteur Eusèbe de Montfort est un personnage fictif.

Raymond du Temple

Raymond du Temple fut l'architecte du roi Charles V puis de Charles VI. Il est né dans les années 1330 et est décédé en 1404.

Il était également sergent d'armes, corps de gentilshommes institué par Philippe Auguste pour la garde personnelle du roi et maçon juré de Notre-Dame de Paris. Des rapports confiants, voire d'amitié, ont lié le roi et son architecte ; ainsi, Charles V était le parrain du fils de Raymond du Temple, Charles, qui devait succéder à son père et lui versa, durant ses études à Orléans, une pension de 200 francs or.

Durant sa prolifique carrière, Raymond du Temple supervisa, entre autres, les constructions suivantes :

  • La clôture du chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris (et fin de la construction)
  • L'aménagement du château du Louvre afin de le transformer en résidence pour le roi. Un nouveau logis est construit pour accueillir les appartements royaux situés aux 1er et 2e étages, desservis par un grand escalier à vis hélicoïdal nommé "La Grande Vis", célèbre et par sa dimension et par son décor sculpté. On peut encore admirer une partie de cet escalier aujourd'hui, dans la salle des fondations du musée du Louvre.
  • L'aménagement de l'Hôtel Saint-Pol
  • L'achèvement du donjon du château de Vincennes
  • L'élaboration des plans et initiation de la construction de la Sainte-Chapelle du Château de Vincennes, inspiré de la Sainte-Chapelle de Paris.
  • La construction de l'enceinte du château de Vincennes, et de ses neuf tours.

Dans le roman, le lien de parenté entre Raymond du Temple et Jean Fusoris est fictif.

7 juillet 2008

Charles V

Charles V, roi de France Charles V, dit le Sage, roi de France.

Fils de Jean II, il assure la régence (avec ses oncles) pendant l'emprisonnement de son père à Londres, de 1356 à 1360, puis sera couronné à la mort de son père, en 1364.

Son règne marque la fin de la première partie de la guerre de Cent Ans : il réussit à récupérer toutes les terres perdues par ses prédécesseurs, restaure l'autorité de l'État et relève le royaume de ses ruines.

Charles V est un roi très instruit. Alors dauphin, son précepteur fut Nicole Oresme qui le sensibilisa aux auteurs classiques. Christine de Pisan le décrit comme un intellectuel accompli maîtrisant les sept arts libéraux. C'est aussi un roi très pieux, qui prend Saint-Louis comme modèle (restauration de la grandeur de l'état et du sentiment patriotique, mais aussi construction de la sainte-chapelle de Vincennes).

En 1356, lorsque son père est fait prisonnier, il n'a que dix-huit ans, mais bien des défis se présentent à lui. Il doit faire face à la révolte des bourgeois de Paris, conduits par Etienne Marcel, ainsi qu'à la Jacquerie dans le nord du royaume. Il doit également faire face à de nouvelles charges des Anglais. Paradoxalement, ces difficultés renforceront son image auprès des Parisiens. En effet, il parvient à éliminer ses ennemis sans faire couler le sang dans la capitale.

Le traité de Londres qui permet d'obtenir une paix relative avec l'Angleterre - et sa rançon de 4 millions d'écus pour le retour du roi Jean - oblige le royaume à se réorganiser. Avec Nicole Oresme aux finances, la création du franc, un système d'impôts efficace, et la réinjection des capitaux dans la population via une politique de grands travaux, ce qui crée de la richesse et des revenus réguliers pour l'état.

Ainsi, avec son fidèle Bertrand Du Guesclin, il peut alors se lancer dans une vaste reconquête des terres cédées aux Anglais. Ses troupes, mieux dirigées et mieux payées, voleront alors de victoire en victoire. Mais sa stratégie de reconquête n'est pas que militaire : elle est tout aussi diplomatique. Ainsi, il laisse venir le grand schisme d'occident pour mieux isoler l'Angleterre, et en janvier 1378, alors qu'il est victorieux sur tous les fronts, il reçoit son oncle l’empereur germanique Charles IV, afin de faire avaliser sa souveraineté et ses victoires par un des souverains les plus puissants d'Europe. Cette visite est grandiose ; elle est l'occasion de montrer que le roi de France est l'égal de l'empereur (le protocole est étudié pour cela).

Il meurt en 1380 et laisse à son fils le futur Charles VI, un royaume en bien meilleur état qu'il ne l'avait trouvé.

30 juin 2008

Jean Fusoris

Astrolabe de Jean Fusoris Jean Fusoris, 1365 - 1436

Jean Fusoris a été le premier à commercialiser les astrolabes à Paris et au moins 13 de ses instruments lui ont survécu (l'astrolabe ci-contre est l'un d'eux). Il est, en outre, réputé pour avoir amélioré de façon significative la conception de ces appareils.

Tout jeune, Jean Fusoris fut un brillant élève. Très tôt diplômé de médecine à la faculté de la Sorbonne à Paris (il n'a que quinze ans), il n'exercera cependant pas son art, préférant se pencher sur la "haute technologie" de l'époque, comme les horloges par exemple. C'est un touche-à-tout qui s'intéresse à de nombreux sujets, des mathématiques à l'astrologie.

Dans les années 1380-1390, il ouvre une boutique ainsi qu'un atelier d'instruments scientifiques à Paris, vendant et fabriquant des astrolabes, des horloges et d'autres instruments techniques de navigation ou de précision. Il devait sans doute passer pour un original, tant ces objets devaient paraître étranges et chers aux habitants de son quartier.

Mais Fusoris continua d'étudier. De plus, il cumulait diverses charges officielles auprès du roi. Il fut notamment élu membre de l'ambassade française en Angleterre. Ainsi, on sait qu'en 1415, il a rencontré Richard de Courteny, évêque de Norwich qui lui a acheté un astrolabe mais ne l'a pas payé. Quand Fusoris est revenu en Angleterre pour récupérer l'argent, en raison des tensions entre la France et l'Angleterre dues à la guerre de Cent Ans, il fut arrêté pour espionnage à son retour. Il s'est alors exilé à Mézières-sur-Meuse, puis plus tard à Reims.

Pendant son exil, il a continué à honorer des commandes pour des instruments scientifiques. Fusoris a écrit un traité sur l'astrolabe dans lequel il a détaillé les améliorations qu'il a incorporées à ses instruments, ainsi que sur d'autres sujets de mathématiques et d'astronomie.

Dans le roman, le lien de parenté entre Raymond du Temple et Jean Fusoris est fictif.

les Turlupins

Le mouvement des Turlupins s'inscrit dans la lignée des courants de pensée dits de "libre-esprit" qui essaimèrent en Europe à partir du XIIème siècle.
A l'instar d'autres mouvements comme les Cathares, les Vaudois, mais aussi les Templiers, ou les Franciscains, les Turlupins prônaient un idéal de pauvreté. C'était un ordre mendiant, poussant la notion de pauvreté au paroxysme, en vivant nus la plupart du temps.
Dans la doctrine turlupine, la pauvreté doit laver l'homme de tout péché et ressusciter le Christ en lui. C'est donc en écoutant ses propres désirs que l'homme entrera dans l'ère de "l'Esprit libre" où il pourra connaître la béatitude dès la vie terrestre. La charité se confond ainsi avec l'amour charnel qui se consomme sans restriction au sein de la communauté. Pour les Turlupins, une femme enceinte l'est par l'opération du Saint-Esprit.
Sur le plan philosophique, les Turlupins aspirent à la pauvreté intellectuelle (beati pauperes spiritu). L'esprit qui devient vacant permet de mieux recevoir Dieu.
La première condamnation papale remonte à 1204, et l'Inquisition n'aura de cesse de les pourchasser. Mais peu enclins au martyr, les Turlupins n'hésitent pas à feindre la dévotion la plus conforme et s'abstiennent de prosélytisme. C'est ainsi qu'ils échappent la plupart du temps aux épurations et se maintiennent au fil des siècles sans que l'on puisse dire que leur mouvement ait réellement pris fin à un moment précis.
Les procès et les documents historiques sont donc rares, mais on connaît, par exemple, l'exemple de Marguerite Porète, qui fut brûlée vive en place de Grève à Paris, le 1er juin 1310 avec le livre qu'elle avait écrit (le Mirouer des simples ames anienties). C'est donc surtout par les sources inquisitoriales que l'on peut se représenter leur doctrine, bien que le fantasme de l'inquisiteur devait certainement orienter les aveux.

Protagoniste du roman, Jeanne Daubenton est un personnage historique, dont la chronologie a été adaptée pour satisfaire les ressorts de l'intrigue.
De fait, on sait peu de choses sur elle. Les documents de la ville de Paris révèlent qu'elle fut brûlée vive, elle aussi, en 1372, en place de Grève. On dit qu'elle allait entièrement nue, et qu'elle proférait qu'il n'y a nul péché à satisfaire ses passions et tous les désirs des sens....

Jean II

Jean II, roi de FranceJean II, dit le bon, roi de France
Fils de Philippe VI, il lui succède à sa mort en 1350.
Il est le tout premier roi de France dont il reste un "vrai portrait", que l'on peut admirer au Louvre.

Jean II est un chevalier aimant les batailles. Mais son règne commence dans une situation difficile, avec la peste noire qui vient de sévir, et les Anglais qui ont remporté une victoire à Calais.
La guerre avec l'Angleterre bat son plein, mais elle tourne au désastre à Poitiers, où il est fait prisonnier, et emmené à Londres. Son fils aîné, le dauphin, futur Charles V, est évacué et regagne Paris.
Ce dernier, devant faire face trop jeune à la réalité de son pays, il affronte un ennemi extérieur, mais aussi un ennemi intérieur avec le prévôt des marchands, Etienne Marcel qui menace de renverser le pouvoir royal...

Rapidement, un traité de paix (la paix de Bretigny) est signé avec l'Angleterre. Catastrophique pour la France, la couronne fait de nombreuses concessions en offrant tout l'ouest du pays, mais également en promettant de régler une rançon astronomique de trois millions d'écus, pour récupérer le roi.
Les difficultés financières obligent l'état de s'organiser. Grâce à de grands économistes comme Nicole Oresme, les finances sont remises en ordre de marche, et une nouvelle monnaie sera lancée pour lever l'impôt de la rançon : ce sera le premier "franc", dit franc à cheval, représentant le roi.

De retour à Paris en 1360, Jean II retrouvera sa vie fastueuse, en lançant, par exemple, la construction du gigantesque donjon de Vincennes. Mais en 1364, un de ses fils s'étant évadé des geôles londoniennes où il était encore tenu, Jean II décide de se rendre à Londres en échange, mais aussi pour pouvoir renégocier le désastreux traité de Bretigny. Il sera logé dans un luxueux palais avec son fils le duc de Berry. Il y mourra quelques mois plus tard.

26 juin 2008

Christine de Pisan

Christine de PisanChristine de Pisan est une écrivaine et poétesse née en 1364 à Venise.
En 1368, elle suit son père Thomas de Pisan, astrologue réputé, appelé à la cour du roi Charles V.

Après le décès de son père, puis de son mari, Christine se retrouve sans appui ni famille à la cour. Réduite à la pauvreté et devant essuyer plusieurs procès pour dettes, elle se résout à travailler pour nourrir ses enfants et choisit le métier d’homme de lettres (elle dira elle même que "de femelle devins masle").
Christine se réfugie alors dans l’étude et compose une série de pièces lyriques compilées dans Le Livre des cent ballades qui obtiennent un franc succès. Ces pièces pleurent son défunt mari :

''Seulette suis et seulette veux être,
Seulette m’a mon doux ami laissée,
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée...''

Christine de Pisan obtient alors des commandes et la protection de puissants comme Jean de Berry et le duc Louis Ier d’Orléans. Elle prend alors de l’assurance et s’attelle à la rédaction d’écrits érudits philosophiques, politiques, moraux et même militaires. Elle s’engage alors parallèlement dans un combat en faveur des femmes et notamment de leur représentation dans la littérature. Elle s’oppose en particulier à Jean de Meung et à son Roman de la Rose, alors l’œuvre littéraire la plus connue, copiée, lue et commentée en Europe occidentale.

Dénonçant l'abaissement et le délitement du royaume durant la guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons, elle rédigea une œuvre magistrale et précieuse pour les historiens actuels, Faits et actes du sage Roy Charles Quint, biographie riche en détails sur le règne de son mentor, Charles V de France.

La plupart de ses œuvres sont conservées dans des manuscrits autographes, ce qui est très rare pour cette époque.

Féministe avant la lettre, Christine de Pisan en effet attribue l'inégalité intellectuelle entre hommes et femmes non à la nature, mais à l'éducation et aux représentations d'elles-mêmes fournies aux femmes par le discours misogyne dominant.