Le petit coin d'Ana

Nous voici déjà vendredi soir 17/09... et déjà un aperçu de ce qu'est de grandir ici, en Inde. Tout au moins dans cette partie de l'Inde (West Bengal) qui est loin des grandes villes développées de Bombay, Delhi, ou Bangalore...

L'expérience de mercredi dans les Slums de Calcutta puis dans les contrées perdues de Pandua m'a déjà "renseignée" sur la question... Grandir en Inde, c'est comme jouer au mikado ou à la loterie, certains tirent le bon lot et s'en sortent, soit parce qu'ils viennent de castes supérieures (ou moyennes) soit parce que leur famille appartient à la classe moyenne, et les autres sont éliminés du jeu... avant même de commencer, c'est comme ça. Je parle des enfants nés dans la pauvreté, dans les bidonvilles, mais pas seulement.

Il y a aussi toutes ces choses qui viennent des coutumes et traditions et qui font que les choses peuvent dévier parfois... Je pense par exemple, à la différence de traitement entre garçons et filles, aux difficultés rencontrées par les filles qui doivent effectuer des corvées ménagères et qui ne peuvent assister à l'école ou n'ont pas le temps de faire ses devoirs pour l'école, à cette histoire d'un garçon que ses parents punissent pour avoir manqué un cours et qui se met ensuite à fumer sous la pression de ses condisciples, à ce petit garçon dont le père alcoolique a vendu ses lunettes pour assouvir sa soif...

Une chose me frappe cependant: les nouvelles générations des 20 ans - et même 10 ans - veulent faire mieux que ce qu'elle ont reçu, elles veulent s'en sortir. Et beaucoup de gens oeuvrent pour cela... L'Inde pullule d'ONG ou d'associations qui poussent, petit à petit, les choses... dans le bon sens.

Hier (jeudi 16/09), Arlene (USA-NYC) et Joerg (All) m'ont proposé de les accompagner pour aller visiter une école prenant en charge les enfants de la plus petite classe (3-5 ans) jusqu'à la classe 12-15 ans, dans ce qu'on appelle ici les "Un-Slums".

Ce ne sont pas les bidonvilles "historiques" de Calcutta, mais les nouveaux quartiers sous-développés, où les programmes sociaux menés par le gouvernement n'ont pas été menés correctement, les logements sociaux tombent en ruine alors qu'ils ont à peine 5 à 6 ans. Initialement, ces enfants, tout à fait normaux, auraient pu grandir sans avoir le droit (et non pas la chance!) d'apprendre à lire, écrire, compter... Des visages et des sourires qui en disent long, et qui respirent la joie de vivre malgré tout.

Imaginez alors... grandir ici, en Inde, en ayant un handicap, en étant sourd (profond, modéré ou partiel) par exemple... Et pourtant, il existe quelques structures qui les accueillent, les prennent en charge (souvent les frais de scolarité sont gratuits et couverts par les dons) et leur offrent la possibilité de sociabiliser et de s'intégrer, je pense à Vaani notamment...

Ce matin (17/09), j'ai eu la chance d'aller faire la visite d'une autre école spécialisée qui accueille 28 enfants sourds et muets tout jeunes jusqu'à 18 ans, c'est la toute 1ère école dans ce genre de Calcutta. La plus ancienne. Cette école suit la méthode de la communication globale : ne se limitant pas au langage des signes ou au body language, elle mixe tous les moyens de communication possibles. J'ai assisté à un cours exceptionnel, un cours d'improvisation par les mimes, enseigné par Mrs. XXXX (je vais retrouver son nom), une grande dame très connue. Ces enfants peuvent utiliser tous leurs sens pour retranscrire expressions, situations, sentiments..

En discutant avec la directrice de cette école - très charmante et passionnée - , je me rends compte que toutes ces choses, ces structures, ... n'existent pas par hasard ! Ce ne sont pas les aides du gouvernement - qui est très administratif, loin de la réalité et corrompu jusqu'à la moelle - mais, bien au contraire, c'est le secteur privé, et surtout la volonté de ces gens qui, un jour, ont décidé qu'il fallait s'en sortir.