Le Marteau des Sorcières

indice03-malleus maleficarum.pngLe Marteau des Sorcières (Malleus Maleficarum) est un traité rédigé par deux inquisiteurs dominicains Henri Institoris et Jacques Sprenger, publié à Strasbourg en 1486. C'est un texte qui a été diffusé et ré-imprimé de façon très importante et qui a été longtemps utilisé dans le cadre de la chasse aux sorcières qui débute au XVe siècle en Europe.

Sa rédaction fait suite à une bulle du pape Innocent VIII de décembre 1484, mettant en garde contre la sorcellerie. Il s’agit d'un mélange de croyances préexistantes, souvent tirées de textes plus anciens comme le Directorium Inquisitorum de Nicolas Eymerich (1376), et le Formicarius de Johannes Nider (1435). L'arrivée de des techniques d'imprimerie permit de diffuser le manuel à grande échelle.

La première partie du livre traite de la nature de la sorcellerie. Une bonne partie de cette section affirme que les femmes, à cause de leur faiblesse et de l’infériorité de leur intelligence, seraient par nature prédisposées à céder aux tentations de Satan. Le manuel soutient que certains des actes confessés par les sorcières, comme le fait de se transformer en animaux ou en monstres, ne sont qu’illusions suscitées par le Diable, tandis que d’autres actions comme celles consistant à voler au sabbat, provoquer des tempêtes ou détruire les récoltes sont réellement possibles. Les auteurs insistent en outre de façon morbide sur les rapports sexuels que les sorcières auraient avec les démons.

La seconde partie explique comment procéder à la capture, instruire le procès, organiser la détention et l’élimination des sorcières. Cette partie traite aussi de la confiance qu’on peut accorder ou non aux déclarations des témoins, dont les accusations sont souvent proférées par envie ou désir de vengeance ; les auteurs affirment toutefois que les indiscrétions et la rumeur publique sont suffisantes pour conduire une personne devant les tribunaux et qu’une défense trop véhémente d’un avocat prouve que celui-ci est ensorcelé. Le manuel donne des indications sur la manière d’éviter aux autorités d’être sujettes à la sorcellerie et rassurent le lecteur sur le fait que les juges, en tant que représentants de Dieu, sont immunisés contre le pouvoir des sorcières.

L'ouvrage est très mysogine, à en juger par ces quelques extraits : « Les sorcières ne peuvent rien sans les démons et les démons ne peuvent rien sans les sorcières. » ou encore « Toutes ces choses de sorcellerie proviennent de la passion charnelle qui est insatiable chez les femmes. »

L'ouvrage fut réédité de nombreuses fois, et largement utilisé en Europe occidentale, malgré son interdiction en 1490, peu après sa publication, par l'Église catholique, en raison de de contradiction avec l'enseignement catholique en matière de démonologie.

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