Les animaux diaboliques au Moyen-Âge

BestiaireLes hommes du Moyen-Âge observent très bien la faune et la flore. Il nous reste de ces époques lointaines de somptueux manuscrits enluminés : les bestiaires. Richement illustrés et longuement annotés, ils décrivent par le menu, dans des termes qui font sourire aujourd'hui, les caractéristiques, les vices et les vertus de chacune des créatures de Dieu.

De façon générale, on peut dire que tout animal (domestique ou pas) présente des signes et des présages qu’il convient de décrypter, pour la météorologie, le destin collectif ou individuel. Ainsi, les animaux sont, de façon très basique, rangés en deux catégories : ceux qui sont bénéfiques et ceux qui sont maléfiques.

Vivre la nuit est signe de grand péché. Le Seigneur a ordonné de dormir la nuit, et donc il convient de se méfier des animaux qui ne suivent pas ce précepte. En effet, l'homme médiéval pense que les espèces nocturnes symbolisent le peuple juif qui a préféré les ténèbres à la lumière du Sauveur. Dans cette catégorie, on trouvera par exemple la chauve-souris, le loup, le renard et tous les insectes… Les évangiles des Quenouilles disent, notamment : « quand on voit une nuée de chauve-souris voler autour de sa maison, alors il vaut mieux déménager : c’est un signe certain que très bientôt, il y aura le feu. »

Parmi les autres animaux maléfiques – même si eux, on ne sait pas ce qu’ils font la nuit - il faut citer les poissons (surtout les poissons de mer, dont l’homme médiéval se méfie, car il ne s’aventure guère en haute mer, et donc se méfie de toutes les créatures qui s’y trouvent). Toujours dans les évangiles des Quenouilles, on peut lire : « on ne doit pas donner à des femmes enceintes des têtes de poisson à manger afin que par leur imagination, leur fruit ne naisse la bouche plus relevée et plus pointue qu’il n’est normal. »

Dans l’imaginaire médiéval, l’araignée est diabolique car comme le Diable, tous les jours elle tisse une grande toile pour s’emparer de notre âme. Pourtant, elle peut aussi être un signe de chance. Ainsi, le dicton « si un homme trouve sur sa robe une araignée, c’est qu’il sera très heureux ce jour là » existait déjà. Mais l'araignée n’est pas le seul animal ambivalent. L'âne l'est également. S'il est utile au transport de charges, il est sale, paresseux, entêté et stupide. Le plus souvent, il est moqué et symbolise l'ignorance. Citons enfin le cas du chat : bien que volontiers vagabond (le chat voit la nuit, ce qui est le propre des créatures infernales !), il se classe généralement dans les animaux bénéfiques car il est propre, se tient toujours loin des lieux nauséabonds, et est avant tout un chasseur de rongeurs : les contemporains de la Grande Peste de 1348 avaient compris le lien entre les rats et la propagation de la maladie.

Enfin, les créatures chimériques (mais réelles dans l'esprit de l'homme médiéval), telles que le dragon, le griffon, la sirène, la licorne ou le centaure ne sont pas forcément diaboliques. Elles sont décrites dans les bestiaires comme les autres espèces, tout aussi doctement.

Commentaires

1. Le 23 février 2016, 15:39 par Eura

Bonjour !
Je voudrais savoir d'où vous avez tiré les informations qui concernent l'araignée dans l'imaginaire médiéval.
C'est pour un travail universitaire, j'aurais besoin de sources.
Merci ! =)

2. Le 28 février 2016, 19:24 par Matthieu

Bonjour !
Ma source principale pour cet article est "Bestiaires du Moyen Âge" de Michel Pastoureau (Seuil, 2011). Le passage sur les araignées se trouve p214.

3. Le 29 avril 2016, 00:58 par Eura

Bonsoir !

Merci beaucoup pour la réponse !

Je vais explorer cette piste =)

Belle continuation !

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