Autour des romans

Quelques billets autour de mes romans historiques, publiés chez Actes Sud, Imperiali Tartaro et Michel de Maule.

25 avril 2022

Opicinus : on en parle

Opicinus : On en parle...

A la radio :


Dans la presse écrite :

  • Article paru dans Vincennes Info de février 2022 : Vincennes info fev 22


1 octobre 2021

Opicinus

Opicinus

"Opicinus - Itinéraire d'un illuminé de Pavie à Avignon" est mon quatrième roman, il paraît le 25 novembre 2021.

''Né en 1296 à Pavie et mort en 1355 à Avignon, Opicinus de Canistris est un singulier personnage.
Son travail, très étonnant, se situe à a croisée des arts et des sciences graphiques, géographiques, théologiques et psychiatriques. Ce prêtre italien a en effet produit une oeuvre magnifique et hermétique au soir d'une vie mouvementée. Il a été le témoin des grands événements de son temps, depuis le conflit entre les Guelfes et les Gibelins en Italie du Nord, jusqu'à la Peste Noire de 1348 à Avignon. Il est la source d'une métière romanesque tout à fait foisonnante : rivalités des grandes cités commerçantes italiennes, mouvements franciscains hérétiques, construction du Palais des Papes. Mais surtout, il est sans doute le tout premier artiste de ce que l'on appelle aujourd'hui "l'art brut", avec ses incroyables dessins ésotériques et ses cartes anthropomorphiques.
A une époque où les cartes marines étaient encore rares, il est le premier, par exemple, à représenter la péninsule italienne comme une botte.
En s'appuyant sur les dernières recherches historiques disponibles sur ce personnage et son époque, ce roman restitue son incroyable parcours et tente de jeter une lumière nouvelle sur le Moyen Âge en résonance avec notre monde contemporain.''

27 juin 2021

Le Palais des Papes d'Avignon

Palais des Papes

Le palais des Papes d'Avignon fut, pendant le XIVe siècle le siège de la chrétienté d'Occident. Six conclaves se sont tenus dans le palais d'Avignon qui aboutirent à l'élection de Benoît XII, en 1335 ; de Clément VI, en 1342 ; d'Innocent VI, en 1352 ; d'Urbain V, en 1362 ; de Grégoire XI, en 1370, et de Benoît XIII, en 1394.

Il s'agit de la plus grande des constructions gothiques du Moyen Âge. Le palais, qui est l'imbrication de deux bâtiments, le palais vieux de Benoît XII, véritable forteresse assise sur l'inexpugnable rocher des Doms, et le palais neuf de Clément VI, le plus fastueux des pontifes avignonnais, est non seulement le plus grand édifice gothique mais aussi celui où s'est exprimé dans toute sa plénitude le style du gothique international. Il est le fruit, pour sa construction et son ornementation, du travail conjoint des meilleurs architectes français, Pierre Poisson et Jean de Louvres, dit de Loubières, et des plus grands fresquistes de l'école siennoise, Simone Martini et Matteo Giovanetti.

La durée durant laquelle s’échelonnent les constructions : pendant quarante années environ (1335 à 1378), plusieurs architectes se succèdent et conçoivent des projets qui évoluent au gré des besoins (embellissement de la maison épiscopale sous Jean XXII, édification d’une austère forteresse sous Benoît XII, complétée d’ailes spacieuses et somptueuses sous Clément VI).

De part sa position, le palais domine la ville d'Avignon. Si l’on considère le plan de l’agglomération, le Palais des Papes n’occupe pas réellement le centre géométrique de la ville, ni même le point originel d’un développement radio concentrique. Ce point serait situé plutôt sur la partie sommitale du Rocher des Doms, au nord de ce relief et en surplomb du fleuve. Il est donc clair que ce palais a été résolument conçu, par son élévation, pour marquer et affirmer sa puissance temporelle de la papauté sur la ville.

Dans ses différentes parties, le Palais accueille les éléments essentiels au séjour du pape (logement, cuisine, cellier, bûcher), à son sacerdoce (chapelles, bibliothèque), au fonctionnement central de sa cour (espaces de réception : salles d’audience, consistoire et Tinel, trésor etc..), et à l’accueil de ses plus proches familiers (camériers, secrétaires, « grands dignitaires »).

21 mars 2021

Les papes d'Avignon

Papes d'Avignon

De 1309 à 1378, ils seront 7 papes successifs à siéger à Avignon :

  • Clément V : Bertrand de Got est le second pape d'origine française. Elu à Pérouse en 1305, il ne peut s'installer à Rome en raison de la guerre entre les Guelfes et les Gibelins et mène un pontificat d'itinérance dans le sud de la France. Il arrive à Avignon en 1309 et y décède 4 ans plus tard.
  • Jean XXII : Jacques Duèze est élu en 1316 après un conclave long et difficile. A 72 ans,il est un candidat âgé de compromis, et son âge avancé le fait considérer par les cardinaux comme un pape de transition. Pourtant, il va présider l'église catholique pendant dix-huit ans et mener de profondes réformes, notamment fiscales. Il créé ainsi les rouages d'un gouvernement central et laissera une trésorerie importante à son successeur. Sur le plan idéologique, son pontificat sera traversé par la crise avec l'ordre franciscain et la querelle sur la pauvreté du Christ.
  • Benoît XII : Jacques Fournier est élu en 1335. Dès son élection, il fait bâtir un nouveau bâtiment (le "palais vieux"), érigé en un an. Pape austère et lettré, il y fait installer la Bibliothèque pontificale qui comprenait quatre sections : théologie, droit canon, droit civil et médecine. C'est sous son pontificat que démarre la guerre de Cent Ans mais les fortifications qu'il fait construire à Avignon témoignent plutôt de sa crainte de l'empereur Louis de Bavière.
  • Clément VI : Pierre Roger, est élu en 1342. Très vite, il considère que le palais de Benoît XII n'est pas en rapport avec la grandeur d'un souverain pontife et fait édifier un palais neuf digne de lui. En 5 ans, les travaux agrandissent et transforment le palais dans un aspect proche de celui que nous lui connaissons aujourd’hui. Surnommé "le Magnifique", il organise des réceptions au faste démesuré. C'est sous son pontificat qu'a lieu la grande peste noire et, pour protéger les juifs de la colère populaire qui les rendait responsable de ce fléau, il publie deux bulles papales en 1348 prenant sous sa protection les juifs et menaçant d’excommunication ceux qui les maltraiteraient.
  • Innocent VI : Etienne Aubert est élu en 1352 et les finances de la Curie sont au plus bas. Il mène une politique d'économie après les fastes de son prédécesseur et de la cour pontificale. C'est un réformateur plutôt brutal : il emprisonne et condamne au bûcher pour venir à bout des hérétiques qui vénèrent Pierre de Jean Olivi. Fin diplomate, il est pour beaucoup dans la signature du traité de Brétigny entre Édouard III d'Angleterre et Jean II le Bon, accord qui permet une trêve de neuf ans dans la guerre de Cent Ans.
  • Urbain V : Guillaume de Grimoard est élu en 1362. Il fut d'abord consacré évêque car il n'était que prêtre, puis couronné pape. A son arrivée au palais, il déclara : « Mais je n'ai même pas un bout de jardin pour voir grandir quelques fruitiers, manger ma salade et cueillir un raisin ». Ce fut pourquoi il entreprit durant son pontificat de coûteux travaux d'extension des jardins. Celui qui jouxte le palais des Papes sur sa façade orientale est toujours dénommé « Verger d'Urbain V ».
  • Grégoire XI : Pierre Roger de Beaufort est élu en 1371. Il poursuit les réformes de l'Église et, devant la recrudescence des hérésies, il relance l'Inquisition et fait poursuivre les pauvres de Lyon (Vaudois), les béguins et les flagellants en Allemagne. En 1376 il se rend à Rome pour y restaurer la papauté, mais les conflits secouent toujours la ville. Il y meurt en 1378 dans un climat de fortes incertitudes, ce qui déclenche le grand schisme d'Occident, avec l'élection d'un pape à Rome (Urbain VI) et d'un autre pape à Avignon (Clément VII). Ce schisme va culminer avec le concile de Pise d'où sortiront trois papes...

Pavie

Pavie

Pavie est une ville de Lombardie en Italie, située au sud de Milan. À l'époque romaine, Pavie porte le nom de Ticinum, dérivant du nom de la rivière Tessin qui la traverse. Elle est située dans la plaine du Pô.

De sa fondation romaine, Pavie en garde le plan typique avec ses deux axes perpendiculaires principaux et ses quartiers en forme de quadrilatères. De sa période médiévale, elle garde un grand nombre de bâtiments remarquables :

  • La basilique San Pietro in Ciel d'Oro, fondée au début du VIe siècle, est reconstruite en 1132. Elle abrite le tombeau de saint Augustin et la tombe de Boèce. Cet édifice doit son nom à sa remarquable mosaïque de feuilles d'or recouvertes de tesselles de verre qui décore le plafond de l'abside.
  • La basilique San Michele Maggiore, rebâtie à la fin du XIe siècle et achevée en 1155. Frédéric Barberousse y fut couronné en 1155.
  • Près de l'Université, sur la place Léonard de Vinci, se trouvent trois maisons-tours médiévales remarquables.
  • Le duomo date de 1488 et a été bâti sur le site des deux cathédrales jumelles. Pavie avait effectivement cette singularité de posséder deux cathédrales, côte à côte, l'une dédiée à saint-Stéphane et l'autre dédiée à sainte-Marie-du-Peuple. Bien que distincts, les deux bâtiments étaient accolés et formaient un gigantesque complexe architectural de huit nefs, occupant toute la largeur de l’esplanade.
  • Le Ponte Coperto est un pont couvert qui franchit le Tessin et relie la vieille ville à la rive droite. Le pont actuel est la reconstruction d'un pont plus ancien datant du XIVe siècle.

Au XIIe siècle, Pavie acquiert le statut de commune autonome. Dans la lutte entre guelfes et gibelins, Pavie est traditionnellement gibeline, une position due autant à sa rivalité avec Milan (tête de file des guelfes en Lombardie) qu'à sa loyauté envers l'Empereur. Malgré une longue lutte contre la domination de Milan, Pavie est finalement annexée par la famille Visconti, ducs de Milan, en 1359, après un long siège. Sous les Visconti, Pavie devient un centre intellectuel et artistique. L'université de Pavie est fondée en 1361 à partir d'une ancienne école de droit pré-existante et attire des étudiants de nombreux pays.

Portulan

Portulan

Les portulans sont les toutes premières cartes maritimes tentant de représenter fidèlement le tracé des côtes. La plus ancienne connue (Portulan de Pise) est datée entre 1258 et 1291 et est conservée à la BNF. Elles servaient essentiellement à repérer les ports, connaître les dangers qui pouvaient les entourer (courants, hauts-fonds...) et identifier les lignes de vents afin de repérer la route et déterminer le cap à suivre.

Le tracé des lignes de vents (ou de rhumb) est la caractéristique graphique principale de ces documents : ces dernières colorent et quadrillent les surfaces marines et en rendent parfois la lecture difficile. L'autre caractéristique est l'alignement perpendiculaire au trait de côte des noms de lieux (havres et ports).

Ces cartes apparaissent en Méditerranée à l'époque des croisades, à un moment d'intensification des échanges entre l'Orient et l'Occident. Les marins italiens, notamment génois, pisans et vénitiens commercent à travers toute la Méditerranée et ressentent rapidement le besoin d'une carte pour se diriger facilement d'un port à un autre. Ils ne peuvent utiliser les cartes théologiques, appelées cartes en T, pensées par l'Eglise catholique de cette époque. Ces dernières, loin d'être des représentations exactes du monde, ne pouvaient convenir à la navigation. C'est ce besoin d'une cartographie empirique et réaliste qui entraîne la création des portulans.

Guelfes et Gibelins

Gibelins Guelfes











Les Guelfes et les Gibelins sont deux groupes qui se sont affrontés en Italie du XIIe au début du XIVe siècle.

Si, à l'origine, les deux camps s'opposaient sur la dynastie qui prétendait à la succession du Saint-Empire romain germanique, c'est sous le règne de Frédéric II que l'antagonisme va s'ancrer entre partisans de la papauté (Guelfes) et de l'empire (Gibelins). Ce clivage trouvera des manifestations dans les domaines civique et religieux et cristallisera les tensions entre les villes italiennes, les amenant à se transformer en cité-état et se faire continuellement la guerre.

  • Le terme « guelfe » est une francisation du nom italien « Guelfo » qui provient lui-même du nom de la dynastie des « Welf » – nom-emblème de la famille d'Otton IV – et désigne la faction qui soutient la papauté.
  • Le terme « gibelin », est le diminutif de « Guibertus », forme italienne de Waiblingen (Bade-Wurtemberg), château souabe auquel se réfèrent les partisans Hohenstaufen.

Les rivalités étaient, en fait, celles de familles, pour contrôler les villes. Par exemple à Gênes : les Grimaldi et les Fieschi se réclamaient du parti guelfe contre les familles gibelines Doria et Spinola.

Du côté de l'héraldique, les Gibelins adoptaient généralement la bannière de guerre du Saint Empire romain germanique - croix blanche sur fond rouge - comme leur propre. Les armées guelfes, quant à elles, inversaient généralement les couleurs : croix rouge sur blanc. Cette codification s'est fortement répandue dans l'héraldique civique des villes du nord de l'Italie et reste un indicateur révélateur de leurs anciennes tendances factionnelles. Traditionnellement, Pavie, Novare, Côme, Trévise et Asti continuent à arborer la croix gibeline. La croix guelfe se trouve sur les armoiries de villes comme Milan, Vercelli, Alessandria, Padoue, Reggio et Bologne.

Dans leurs stratégies défensives, les villes italiennes ont souvent fait usage de maisons-tours que l'on peut encore voir de nos jours à San Gimignano (13 subsistent sur les 75 originales) ou encore à Pavie (où 3 subsistent, place Léonard de Vinci).

Du côté de la littérature, Machiavel explique dans Le Prince, que Venise entretenait la querelle entre guelfes et gibelins afin de « diviser pour régner ». Quant à Montaigne, il rapporte dans ses Essais que, lors de ses voyages dans la péninsule italienne, il était souvent cru « gibelin par les guelfes et guelfe par les gibelins ».

28 août 2020

Sorcière ! on en parle...

Sorcière ! On en parle...

A la radio :


Articles de blog :


Dans la presse écrite :

  • Article paru dans La Voix du Nord du 30 octobre 2019 : VdN-Sorcière
  • Article paru dans Vincennes Info de janvier 2020 : Vincennes-info-2020


11 août 2019

La Tentation de Saint-Antoine

La couverture de Sorcière ! est un extrait du triptyque de Jérôme Bosch, la Tentation de Saint-Antoine, tableau peint en 1502 et conservé au Museu Nacional de Arte Antiga de Lisbonne.

Saint Antoine est souvent représenté en vieillard barbu. Il était particulièrement vénéré et protégeait de l’ergotisme ou feu de Saint-Antoine, dû à champignon parasite du seigle. Les symptômes peuvent aller d'une gangrène douloureuse, des hallucinations, jusqu'à des psychoses, perçues à l’époque comme des manifestations diaboliques ou la punition de Dieu qui a été offensé. Dans le tableau de Bosch, l’ermite est au centre du tableau et est menacé par une sorte d’apocalypse réversible. Les visions étranges, les impressions psychédéliques, entraînées par cette maladie sont retranscrites dans les fantastiques visions de Bosch.

Il y a mille choses à dire sur cet étonnant tableau, mais dans la partie centrale, sur la gauche, signalons la procession de monstres qui se dirige vers le saint : ils sont menés par un juge étrange, qui porte un tronc creux posé sur les épaules, et sur lequel semble pendre le cadavre d’un serpent. Pourrait-il être la référence du tentateur qui poussa au Péché originel ? Sa mort serait alors synonyme de la fin de la tentation, ou alors juste une manière pour le peintre de montrer que l’homme n’a besoin que de lui-même pour pécher… Dans tous les cas, le groupe semble avoir fait prisonnier le démon blanc, percé par une lance à piques, qui a manifestement été capturé alors qu’il tuait le cochon de saint Antoine (attribut traditionnel du saint). Les autres démons qui suivent, portent le corps mort de l’animal, avec une roue de supplice, célèbre instrument de torture à cette époque. À droite de l'estrade, une messe du sabbat est dite par un démon tonsuré à groin de porc, à la chasuble déchirée sur ses entrailles pourries.

Dans le panneau de droite, signalons également le ciel, peuplé comme toujours de créatures monstrueuses, avec ici une variante particulière de sorcières se rendant à quelque étrange cérémonie.

La Tentation de saint-Antoine - gauche.jpg La Tentation de saint-Antoine - droite.jpg La Tentation de saint-Antoine - centre.jpeg

1 août 2019

Sorcière !

Sorti le 12 septembre 2019, Sorcière ! est mon troisième roman historique.

Sorcière

De 1459 à 1461, à Arras, une trentaine d’hommes et de femmes furent accusés de faits de sorcellerie. Plus de la moitié furent condamnés à être brûlés vifs en place publique. Les aveux les plus extravagants – sabbat avec le diable, vol magique, contamination des récoltes, etc. – ayant été extirpés par la torture, le procès de la Vauderie d’Arras est emblématique ; il est le premier des nombreux autres qui suivront aux XVIe et XVIIe siècles.

Deux descendants de ceux qui y ont péri dans les flammes de l’Inquisition décident de mener l’enquête, qui les mènera de Bruges à Paris en passant par Arras. Pour Eudoxie et son frère Perrin, il s’agit de comprendre qui a dénoncé leurs parents, et pourquoi. Pour cela, ils doivent revenir aux sources. Les pistes qu’ils suivront impliqueront de démêler les fantasmes des sociétés secrètes médiévales mais les amèneront surtout à réactiver le procès en appel au Parlement de Paris.

Cette enquête, crédible et authentique, s’appuie sur la démarche judiciaire propre au Moyen Âge : la récolte de témoignages. Mais se heurtant à des intérêts politiques qui les dépassent, le périple de ces personnages ne sera pas sans difficulté ni rebondissements.

10 juillet 2019

Crimes et Justices au Moyen Âge

A l'occasion des 20 ans de son ouverture au public, la Tour Jean sans Peur organise cette année une magnifique exposition "Crimes et Justices au Moyen Âge". Vous avez jusqu'au 29 décembre 2019 pour apprendre et comprendre sur le fonctionnement des différentes justices (seigneuriale, royale, religieuse) et surtout pour corriger nombre d'idées reçues sur une justice imaginée souvent expéditive et violente. Somptueusement illustrée et agrémentée de nombreux cas criminels authentiques, l'exposition permet de bien se rendre compte comment l’honneur (la fama) tient une place importante, quelle que soit l’origine sociale des individus.

La commissaire de l’exposition, Claude Gauvard, professeur émérite d’histoire du Moyen Âge (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), y explique notamment le rôle croissant du pouvoir royal sur les autres formes de justice et dresse un portrait étonnant de la société médiévale où juges et justiciables usent de compromis et où la population prend une part active au sort réservé au condamné.

IMG_7878.jpegVous y verrez également ces superbes reconstitutions des sacs à procès dans lesquels on conservait les pièces du dossier et qui ont donné lieu à plusieurs expressions comme "l'affaire est dans le sac"...

Comme régulièrement, un certain nombre de conférences en lien avec le thème de l'exposition seront données jusqu'à fin décembre. Il y aura notamment celle du 4 décembre à 19h, intitulée "le crime de sorcellerie à la fin du Moyen Âge" par Maxime Gelly-Perbellini, qui a relu et corrigé mon nouveau roman.

Plus d'informations sur https://tourjeansanspeursite.wordpress.com

13 mai 2019

Les primitifs flamands

Les primitifs flamands sont les peintres actifs aux XVe et XVIe siècles, dans les villes de Bruges, Gand, Tournai, Bruxelles et Anvers. Cette période d'intense activité artistique débute approximativement avec les carrières de Jan Van Eyck (~1425) et se poursuit au moins jusqu'à la mort de Gérard David en 1523. Cette période correspond à celle de la Renaissance italienne mais aussi et surtout à l'aboutissement de l'héritage artistique médiéval du nord de l'Europe.

Les peintres les plus célèbres étaient Jan Van Eyck, Rogier Van der Weyden, Hans Memling, Petrus Christus et Gérard David. Les quatre derniers ont été actifs, pour tout ou partie de leur carrière, à Bruges.

Durant le XVe siècle l'ensemble des Pays Bas étaient alors unifiés dans le duché de Bourgogne. Le duc de Bourgogne et sa cour s'installent à Bruges puis à Bruxelles en 1436. L'influence des ducs, devenus de puissants souverains européens, participa au dynamisme artistique de la région.

Les primitifs flamands introduisent deux innovations majeures en peinture qui sont caractérisées comme un véritable tournant dans l’histoire de l’art européen : la peinture à l'huile et le réalisme des représentations. La peinture à l’huile permet d’obtenir une pureté et une luminosité des couleurs bien plus grandes que la détrempe, de rendre une ample gamme de tons et de reproduire l’effet de la transparence et des nuances en étalant de multiples couches très minces d'un mélange pigmenté appelé glacis. La plupart des supports de ces peintures sont des panneaux de bois.

Gerard David - le Jugement de Cambyse.png Jan Van Eyck - Les époux Arnolfini.jpg Hans Memling - Le jugement dernier.jpg



Petrus Christus - Portrait d'une jeune fille.jpg Hans Memling - Portrait d'un homme dans une loggia.jpg Rogier van der Weyden - la descente de la croix.jpg

25 avril 2019

Charles le Téméraire

Charles_le_temeraire.jpgCharles le Téméraire est né le 11 novembre 1433 à Dijon et mort le 5 janvier 1477 près de Nancy. Il est, après Philippe II le Hardi, Jean sans Peur et Philippe III le Bon, le quatrième et dernier duc de Bourgogne. Il est le cousin du roi Louis XI, par leur trisaïeul commun Jean II de France), seigneur et maître d'un ensemble de provinces connu aujourd'hui sous le nom d'État bourguignon.

En septembre 1456, le dauphin de France et futur Louis XI, fâché avec son père le roi Charles VII, cherche refuge en terre bourguignonne. Son cousin Philippe le Bon, à qui il demande asile à Bruxelles, lui alloue une pension annuelle de 48 000 livres. Il se voit aussi attribuer une résidence au château de Genappe au sud de Bruxelles en Brabant wallon. Le dauphin Louis y demeure jusqu'à la mort de son père et profite de ces cinq années d'exil pour s'informer sur les intrigues de la cour bourguignonne et séduire ceux qui pourront lui être utiles.

Alors que Philippe le Bon vieillissant règne sur les riches mais disparates terres composant l'État bourguignon, son fils Charles prend la tête de la ligue du Bien public qui s'est formée contre Louis XI, car celui-ci voulait limiter l'indépendance de ses plus puissants vassaux (Bourgogne, Bretagne, Bourbon). Les armées de Bourgogne s'allient à celles de Bretagne et Louis XI se replie sur Paris.

A la mort de son père en juin 1467, Charles hérite du duché de Bourgogne, ainsi que de tous ses titres et possessions. Il appuie son pouvoir et ses prétentions par une puissante armée de métier, renforcée par des mercenaires issus de tous les pays d'Europe. Il continue la même politique que ses prédécesseurs avec pour objectif l'indépendance souveraine de l'État bourguignon vis-à-vis du royaume de France. Pour ce faire, il fait alliance avec le royaume d'Angleterre dans la guerre de Cent Ans. Son souhait le plus ardent est de joindre en un royaume d'un seul tenant ses terres des deux Bourgognes et ses possessions du nord : Picardie, Artois, Boulonnais, Flandre et autres Pays-Bas bourguignons et de recréer un royaume médian entre France et Empire germanique.

Après la conquête de Nancy en 1475, Charles le Téméraire part en guerre contre les confédérés de Suisse. Sous-estimant la valeur guerrière des Suisses et l'effet néfaste des retards de paiement sur l'humeur des mercenaires italiens qui composent une bonne partie de ses forces, il est battu par les confédérés en juin et son armée est taillée en pièces. Alors installé à Lyon, Louis XI y savoure la déroute bourguignonne, laquelle ne lui a coûté aucun homme de ses propres troupes mais beaucoup d'argent : selon le chroniqueur Philippe de Commynes, Louis a, en tout, versé près d'un million de florins du Rhin aux Cantons suisses, somme colossale. Entre temps, Nancy reprise, Charles le Téméraire remet le siège de la ville et trouve la mort le 5 janvier 1477 lors de la bataille se déroulant au sud de la ville.

Entre-temps, Marguerite d'York, veuve de Charles le Téméraire et protectrice de la duchesse Marie de Bourgogne pousse celle-ci (fille unique et héritière du Téméraire) à épouser le futur empereur germanique Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519). Célébré à Gand le 19 août 1477, le mariage fait définitivement perdre à la France les Pays-Bas bourguignons et, en fait, toute la partie septentrionale des États bourguignons (belge, luxembourgeoise, allemande ou « romain-germanique ») sur laquelle la couronne de France n'a aucun droit.

22 décembre 2018

Calais à la fin du XVe siècle

indice06-Calais 1347.png A la fin du XVe siècle, la ville de Calais est une colonie anglaise et ce, depuis 1347, soit déjà sept générations. En effet, lors de la guerre de Cent Ans, le roi Édouard III d'Angleterre, issu de la maison angevine des Plantagenêts, revendiquait la couronne de France. Après sa victoire à Crécy-en-Ponthieu en 1346, il cherche une ville portuaire pour y débarquer ses troupes Calais était protégée par des marais inondés à chaque marée, et défendue par une garnison placée sous le commandement d’un chevalier bourgignon, Jean de Vienne. Édouard III fit bloquer l’entrée du chenal avec des obstacles de toute nature et à partir de juin 1347, il fut impossible pour les Français de ravitailler Calais.

Pressé par la population assiégée depuis onze mois, Jean de Vienne demanda alors à négocier la reddition de la ville à condition d’épargner la population et la garnison : Edouard III accepta à la condition que six notables vinsent à lui, tête et pieds nus, avec une corde autour du cou pour être pendus : ce furent Eustache de Saint Pierre, Jehan d’Aire, Pierre de Wissant et son frère Jacques, Jean de Fiennes, et Andrieux d’Andres. Les bourgeois de Calais furent toutefois épargnés grâce à l’intervention de l'épouse d'Edouard III.

Au XVe siècle, donc, la ville est riche et bien protégée par des garnisons anglaises. Les marchands y sont bien établis, grâce notamment au commerce de la laine et prospèrent. Il s'agit d'un carrefour commercial majeur de la mer du Nord.

Sa population est d'environ 4500 habitants. De nombreux habitants sont employés par la Couronne Britannique pour les travaux de consolidation et d’aménagement, pour faire face aux tempêtes et aux moyens de défense. Elle attire également de nombreux étrangers (flamands et germaniques).

On construit alors le somptueux bâtiment de la Chambre du Conseil de Calais, en faisant venir 36 tonnes de pierre de Caen (de la plus belle sorte). Le bâtiment, résidence royale et maison des marchands, sera orné et décoré aux armes des Tudors. Les Anglais montrent qu'ils sont là pour rester.

La ville ne sera reprise par les Français qu'en 1558, soit après 210 ans d'occupation anglaise.

La Vauderie d'Arras

indice09-sabbat.jpgLa vauderie d'Arras est un vaste procès en sorcellerie de l'Inquisition médiévale qui se déroula de 1459 à 1461 à Arras, dans le Nord de la France.

Il est le premier des grands procès en sorcellerie qui marqueront les XVIe et XVIIe siècles. La ville fut en effet le théâtre d'une violente persécution dirigée contre des hommes et des femmes que l'inquisiteur du diocèse accusait de se rendre à la "vauderie", c'est à dire au sabbat des sorciers. Ce procès présente les particularités de s'être déroulé en milieu urbain et d'avoir mis en cause des personnes de toutes conditions sociales : non seulement des marginaux, mais aussi de riches marchands, des échevins et des hommes d'église. Sur 29 accusés (dont 10 femmes) 12 furent exécutés (dont 7 femmes).

Tout commence à la Toussaint de 1459 avec l'arrestation de Denisette Grenier à Douai et de Jean Tannoye à Abbeville. Transférés et emprisonnés à Arras, ils sont pris en charge par l'inquisiteur Pierre Le Broussart, et quatre vicaires généraux d’Arras. Loin de sa ville, l’évêque d’Arras est près du pape Pie II. Évoquant d'abord des beuveries, les accusés sont torturés et finissent par avouer leur participation active à la vauderie. Ils dénonceront alors des proches, croyant que c'était eux qui leur avaient envoyé l'Inquisition, et ainsi de suite.

A l'époque des faits, Arras faisait partie des Pays-Bas bourguignons : l'influence de ces derniers sur le premier procès y est donc manifeste. Trente ans plus tard, lors du procès en appel, le dernier duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, étant mort, la mémoire des victimes fut réhabilitée par le Parlement de Paris, marquant la volonté du roi de France Charles VIII de renforcer l'influence du royaume de France sur ces territoires.

Le Marteau des Sorcières

indice03-malleus maleficarum.pngLe Marteau des Sorcières (Malleus Maleficarum) est un traité rédigé par deux inquisiteurs dominicains Henri Institoris et Jacques Sprenger, publié à Strasbourg en 1486. C'est un texte qui a été diffusé et ré-imprimé de façon très importante et qui a été longtemps utilisé dans le cadre de la chasse aux sorcières qui débute au XVe siècle en Europe.

Sa rédaction fait suite à une bulle du pape Innocent VIII de décembre 1484, mettant en garde contre la sorcellerie. Il s’agit d'un mélange de croyances préexistantes, souvent tirées de textes plus anciens comme le Directorium Inquisitorum de Nicolas Eymerich (1376), et le Formicarius de Johannes Nider (1435). L'arrivée de des techniques d'imprimerie permit de diffuser le manuel à grande échelle.

La première partie du livre traite de la nature de la sorcellerie. Une bonne partie de cette section affirme que les femmes, à cause de leur faiblesse et de l’infériorité de leur intelligence, seraient par nature prédisposées à céder aux tentations de Satan. Le manuel soutient que certains des actes confessés par les sorcières, comme le fait de se transformer en animaux ou en monstres, ne sont qu’illusions suscitées par le Diable, tandis que d’autres actions comme celles consistant à voler au sabbat, provoquer des tempêtes ou détruire les récoltes sont réellement possibles. Les auteurs insistent en outre de façon morbide sur les rapports sexuels que les sorcières auraient avec les démons.

La seconde partie explique comment procéder à la capture, instruire le procès, organiser la détention et l’élimination des sorcières. Cette partie traite aussi de la confiance qu’on peut accorder ou non aux déclarations des témoins, dont les accusations sont souvent proférées par envie ou désir de vengeance ; les auteurs affirment toutefois que les indiscrétions et la rumeur publique sont suffisantes pour conduire une personne devant les tribunaux et qu’une défense trop véhémente d’un avocat prouve que celui-ci est ensorcelé. Le manuel donne des indications sur la manière d’éviter aux autorités d’être sujettes à la sorcellerie et rassurent le lecteur sur le fait que les juges, en tant que représentants de Dieu, sont immunisés contre le pouvoir des sorcières.

L'ouvrage est très mysogine, à en juger par ces quelques extraits : « Les sorcières ne peuvent rien sans les démons et les démons ne peuvent rien sans les sorcières. » ou encore « Toutes ces choses de sorcellerie proviennent de la passion charnelle qui est insatiable chez les femmes. »

L'ouvrage fut réédité de nombreuses fois, et largement utilisé en Europe occidentale, malgré son interdiction en 1490, peu après sa publication, par l'Église catholique, en raison de de contradiction avec l'enseignement catholique en matière de démonologie.

Louis XI

Louis-XI.jpgLouis XI, dit le Prudent, est roi de France de 1461 à 1483. Il est le fils de Charles VII (dont le long règne est indissociable de l'épopée de Jeanne d'Arc) et petit-fils de Charles VI, dit le Bien aimé.

Son règne voit le rattachement de plusieurs grandes principautés mouvantes au domaine royal par des moyens parfois violents : territoires du duché de Bretagne (1475, traité de Senlis), des ducs de Bourgogne (1477, confirmé en 1482 par le traité d'Arras avec Maximilien Ier de Habsbourg), Maine, Anjou, Provence et Forcalquier en 1481, par la mort sans héritier de Charles V d'Anjou, et une partie des domaines de la maison d'Armagnac qui, brisée par l'affrontement avec le pouvoir royal, s'éteint peu après.

Son règne est le théâtre de nombreux affrontements, aussi bien politiques, militaires que judiciaires avec le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Après le décès de celui-ci en 1477, et dans le cadre complexe de sa succession, Louis XI tente de reprendre les villes d'Artois qui devaient allégeance au royaume de France. Parmi elles, Arras, fut l'une des plus difficile à reprendre.

Arras au XVe siècle

Arras XIVe.png Arras est, à la fin du Moyen Âge une riche cité drapière qui a la particularité d'être coupée en deux. Il y a, d'une part, la Cité, le cœur historique gallo-romain, avec en son centre la cathédrale Notre Dame. Elle possède son échevinage, nommé par l’évêque et est entourée de remparts. Cette partie d'Arras est sous la protection du roi de France. Et il y a, d'autre part, la Ville, le vieux bourg monastique, qui s’est développé autour de l’abbaye de saint Vaast, et qui a prospéré plus vite que la Cité. Cette partie d'Arras possède aussi un échevinage, mais sous tutelle du duc de Bourgogne. Les deux parties de la ville étaient séparées par le rivière Crinchon, fortifiées l'une contre l'autre.

En 1477, le roi de France Louis XI envahit militairement les terres d’Artois ; il assiège Arras, qui résiste mais finit par céder. En 1479, Louis XI fait alors vider Arras de ses habitants et lui retire son nom (qui devient Franchise). La ville est alors repeuplée de familles de tout le royaume. Cette situation a fortement appauvrit la ville et même si le retour des Arrageois est autorisé à partir de 1482, elle restera longtemps affaiblie économiquement.

L'emblème d'Arras est le rat, pour l'association sonore entre l'animal et le nom de la ville. Au Moyen-Âge, d'ailleurs, on ne prononce pas le S final. Trois rats étaient représentés sur le blason d’Arras.

Au Moyen-Âge déjà, la ville possédait ses deux grandes places que l'on peut encore voir de nos jours : la place du petit marché et la grand place, reliées entre elles par la rue de la Taillerie. indice02-arras_1500.jpg

Les halles corporatives étaient regroupées place du petit marché depuis le XIIème siècle. La chapelle de la Sainte Chandelle, la Maison Rouge et son pilori occupaient le centre. Des fouilles récentes ont permis de situer précisément la place de la Maison Rouge : un marquage au sol au les pavés y matérialise l'emplacement. Les trouvères y donnaient leurs représentations théâtrales. Mais c'est aussi là qu'a été rendu public le jugement de la Vauderie d'Arras.

Quant à la grand place, elle était le centre principal de l'activité marchande dès le XIeme siècle et s'étendait déjà sur plus d'un hectare. Témoin de 1 000 ans d'histoire elle a vu se succéder au cours des siècles tournois, joyeuses entrées des princes et souverains, revues militaires. Son marché au grain prospéra jusqu'à la première guerre mondiale.

11 avril 2015

Deux nouvelles

En attendant des nouvelles de mon prochain roman historique, j'ai récemment publié deux nouvelles historiques sur des sites internet de lecture en ligne :

  • "L'église flottante du père Rimskov Korsakine" est à lire sur le site short-edition.com. C'est un conte russe, un peu mystique, un peu magique et un peu cruel aussi. Il se déroule aux confins de la Sibérie, au XVII ème siècle, quand les mythes et les légendes faisaient encore partie du quotidien. Cette nouvelle concourt pour le Grand Prix été 2015 de la nouvelle.
  • "Golem de papier" est à lire sur le site wattpad. Venise, 1940 : les bruits de botte n'effraient pas Rabbi Sakharine qui, au cœur du ghetto juif de Venise s'attache à fabriquer un golem d'un genre nouveau...