Le cimetière des Innocents

L'origine de ce cimetière remonte au XIIème siècle, installé alors hors les murs de la ville de Paris. Situé à côté des Halles, il était alors décrit comme un cloaque fangeux dans lequel les animaux erraient pour trouver leur nourriture, mais il devint aussi rapidement un lieu de fréquentation des marchands, des écrivains publics, des prostituées et des lingères. Le cimetière tient son nom de l'église voisine aujourd'hui disparue, dédiée aux Saints-Innocents, enfants de Judée massacrés sur l'ordre d'Hérode.

Quand Philippe-Auguste fit fermer Paris d'une nouvelle enceinte à la fin du XIIème siècle, le cimetière fut agrandi, enclos d’un mur de 3 mètres de haut, et englobé dans les nouvelles limites de la ville, devenant ainsi un cimetière intra-muros. Il se présente alors sous la forme d’un rectangle compris sur sa longueur entre les rues aux Fers (actuelle rue Berger) et de la Ferronnerie, sur sa largeur par les rues Saint-Denis et de la Lingerie, c’est à dire une surface sensiblement plus grande que l’actuel square Joachim Du Bellay (ou l'on peut toujours admirer la fontaine aux Innocents). Cinq portes y donnaient accès.

Le cimetière des Innocents

Le cimetière était celui des paroisses de la rive droite, mais également des noyés de la Seine et des morts par épidémies. Les plus modestes se faisaient inhumer dans des fosses qui restaient ouvertes jusqu’à ce qu’elles fussent pleines. Plusieurs fosses étaient ouvertes simultanément, correspondant aux différentes institutions percevant des droits. Elles étaient très nombreuses lors des épidémies de peste noire du XIVème siècle. Pour la bourgeoisie, la sépulture individuelle était la norme. Certains étaient inhumés en cercueil (on a retrouvé des traces de bois et des clous), mais la plupart l’était dans un simple linceul : la terre des Innocents avait la réputation de dissoudre les corps en un temps record !

En raison de l’augmentation démographique, il fallut trouver de la place, et donc un moyen de vider les fosses. C’est l’origine des charniers, qui furent construits entre le XIVe et XVe siècle, et adossés au mur d’enceinte tout autour du cimetière. Les bourgeois de la ville firent édifier ces arcades, souvent pour leur usage personnel (ainsi, Nicolas Flamel fit construire l’une d’entre elles pour le tombeau de sa femme Pernelle). Peintures, fresques et épitaphes fleurirent rapidement, la plus célèbre étant la danse macabre.

Le cimetière comprenait également en son sein différentes chapelles privées, ainsi qu'un reclusoir (occupé essentiellement par des femmes) adossé à l'église du cimetière.

Le cimetière fut supprimé en 1785, et l'année suivante, les ossements furent, de nuit, déblayés des fosses et amenés dans les futures Catacombes créées pour l’occasion. L’exhumation ne se fit qu'à une profondeur d’1m60, ce qui permet d’assurer que de nombreux corps subsistent encore sous la chaussée de l’actuel square. On considère que depuis son ouverture, quelques deux millions de Parisiens y avaient été inhumés.

Commentaires

1. Le 1 juin 2011, 19:28 par emplumoer

Bonjour,

j'aurais aimer savoir d'où provenait l'image? Avez-vous les références ?
merci beaucoup.

2. Le 4 juin 2011, 12:26 par Matthieu

Bonjour,
Il s'agit d'une représentation classique du cimetière des Innocents que l'on trouve facilement sur Internet ; je n'en connais malheureusement pas la référence originelle.
Amitiés,
Matthieu

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