21 mars 2021

Les papes d'Avignon

Papes d'Avignon

De 1309 à 1378, ils seront 7 papes successifs à siéger à Avignon :

  • Clément V : Bertrand de Got est le second pape d'origine française. Elu à Pérouse en 1305, il ne peut s'installer à Rome en raison de la guerre entre les Guelfes et les Gibelins et mène un pontificat d'itinérance dans le sud de la France. Il arrive à Avignon en 1309 et y décède 4 ans plus tard.
  • Jean XXII : Jacques Duèze est élu en 1316 après un conclave long et difficile. A 72 ans,il est un candidat âgé de compromis, et son âge avancé le fait considérer par les cardinaux comme un pape de transition. Pourtant, il va présider l'église catholique pendant dix-huit ans et mener de profondes réformes, notamment fiscales. Il créé ainsi les rouages d'un gouvernement central et laissera une trésorerie importante à son successeur. Sur le plan idéologique, son pontificat sera traversé par la crise avec l'ordre franciscain et la querelle sur la pauvreté du Christ.
  • Benoît XII : Jacques Fournier est élu en 1335. Dès son élection, il fait bâtir un nouveau bâtiment (le "palais vieux"), érigé en un an. Pape austère et lettré, il y fait installer la Bibliothèque pontificale qui comprenait quatre sections : théologie, droit canon, droit civil et médecine. C'est sous son pontificat que démarre la guerre de Cent Ans mais les fortifications qu'il fait construire à Avignon témoignent plutôt de sa crainte de l'empereur Louis de Bavière.
  • Clément VI : Pierre Roger, est élu en 1342. Très vite, il considère que le palais de Benoît XII n'est pas en rapport avec la grandeur d'un souverain pontife et fait édifier un palais neuf digne de lui. En 5 ans, les travaux agrandissent et transforment le palais dans un aspect proche de celui que nous lui connaissons aujourd’hui. Surnommé "le Magnifique", il organise des réceptions au faste démesuré. C'est sous son pontificat qu'a lieu la grande peste noire et, pour protéger les juifs de la colère populaire qui les rendait responsable de ce fléau, il publie deux bulles papales en 1348 prenant sous sa protection les juifs et menaçant d’excommunication ceux qui les maltraiteraient.
  • Innocent VI : Etienne Aubert est élu en 1352 et les finances de la Curie sont au plus bas. Il mène une politique d'économie après les fastes de son prédécesseur et de la cour pontificale. C'est un réformateur plutôt brutal : il emprisonne et condamne au bûcher pour venir à bout des hérétiques qui vénèrent Pierre de Jean Olivi. Fin diplomate, il est pour beaucoup dans la signature du traité de Brétigny entre Édouard III d'Angleterre et Jean II le Bon, accord qui permet une trêve de neuf ans dans la guerre de Cent Ans.
  • Urbain V : Guillaume de Grimoard est élu en 1362. Il fut d'abord consacré évêque car il n'était que prêtre, puis couronné pape. A son arrivée au palais, il déclara : « Mais je n'ai même pas un bout de jardin pour voir grandir quelques fruitiers, manger ma salade et cueillir un raisin ». Ce fut pourquoi il entreprit durant son pontificat de coûteux travaux d'extension des jardins. Celui qui jouxte le palais des Papes sur sa façade orientale est toujours dénommé « Verger d'Urbain V ».
  • Grégoire XI : Pierre Roger de Beaufort est élu en 1371. Il poursuit les réformes de l'Église et, devant la recrudescence des hérésies, il relance l'Inquisition et fait poursuivre les pauvres de Lyon (Vaudois), les béguins et les flagellants en Allemagne. En 1376 il se rend à Rome pour y restaurer la papauté, mais les conflits secouent toujours la ville. Il y meurt en 1378 dans un climat de fortes incertitudes, ce qui déclenche le grand schisme d'Occident, avec l'élection d'un pape à Rome (Urbain VI) et d'un autre pape à Avignon (Clément VII). Ce schisme va culminer avec le concile de Pise d'où sortiront trois papes...

Pavie

Pavie

Pavie est une ville de Lombardie en Italie, située au sud de Milan. À l'époque romaine, Pavie porte le nom de Ticinum, dérivant du nom de la rivière Tessin qui la traverse. Elle est située dans la plaine du Pô.

De sa fondation romaine, Pavie en garde le plan typique avec ses deux axes perpendiculaires principaux et ses quartiers en forme de quadrilatères. De sa période médiévale, elle garde un grand nombre de bâtiments remarquables :

  • La basilique San Pietro in Ciel d'Oro, fondée au début du VIe siècle, est reconstruite en 1132. Elle abrite le tombeau de saint Augustin et la tombe de Boèce. Cet édifice doit son nom à sa remarquable mosaïque de feuilles d'or recouvertes de tesselles de verre qui décore le plafond de l'abside.
  • La basilique San Michele Maggiore, rebâtie à la fin du XIe siècle et achevée en 1155. Frédéric Barberousse y fut couronné en 1155.
  • Près de l'Université, sur la place Léonard de Vinci, se trouvent trois maisons-tours médiévales remarquables.
  • Le duomo date de 1488 et a été bâti sur le site des deux cathédrales jumelles. Pavie avait effectivement cette singularité de posséder deux cathédrales, côte à côte, l'une dédiée à saint-Stéphane et l'autre dédiée à sainte-Marie-du-Peuple. Bien que distincts, les deux bâtiments étaient accolés et formaient un gigantesque complexe architectural de huit nefs, occupant toute la largeur de l’esplanade.
  • Le Ponte Coperto est un pont couvert qui franchit le Tessin et relie la vieille ville à la rive droite. Le pont actuel est la reconstruction d'un pont plus ancien datant du XIVe siècle.

Au XIIe siècle, Pavie acquiert le statut de commune autonome. Dans la lutte entre guelfes et gibelins, Pavie est traditionnellement gibeline, une position due autant à sa rivalité avec Milan (tête de file des guelfes en Lombardie) qu'à sa loyauté envers l'Empereur. Malgré une longue lutte contre la domination de Milan, Pavie est finalement annexée par la famille Visconti, ducs de Milan, en 1359, après un long siège. Sous les Visconti, Pavie devient un centre intellectuel et artistique. L'université de Pavie est fondée en 1361 à partir d'une ancienne école de droit pré-existante et attire des étudiants de nombreux pays.

Portulan

Portulan

Les portulans sont les toutes premières cartes maritimes tentant de représenter fidèlement le tracé des côtes. La plus ancienne connue (Portulan de Pise) est datée entre 1258 et 1291 et est conservée à la BNF. Elles servaient essentiellement à repérer les ports, connaître les dangers qui pouvaient les entourer (courants, hauts-fonds...) et identifier les lignes de vents afin de repérer la route et déterminer le cap à suivre.

Le tracé des lignes de vents (ou de rhumb) est la caractéristique graphique principale de ces documents : ces dernières colorent et quadrillent les surfaces marines et en rendent parfois la lecture difficile. L'autre caractéristique est l'alignement perpendiculaire au trait de côte des noms de lieux (havres et ports).

Ces cartes apparaissent en Méditerranée à l'époque des croisades, à un moment d'intensification des échanges entre l'Orient et l'Occident. Les marins italiens, notamment génois, pisans et vénitiens commercent à travers toute la Méditerranée et ressentent rapidement le besoin d'une carte pour se diriger facilement d'un port à un autre. Ils ne peuvent utiliser les cartes théologiques, appelées cartes en T, pensées par l'Eglise catholique de cette époque. Ces dernières, loin d'être des représentations exactes du monde, ne pouvaient convenir à la navigation. C'est ce besoin d'une cartographie empirique et réaliste qui entraîne la création des portulans.

Guelfes et Gibelins

Gibelins Guelfes











Les Guelfes et les Gibelins sont deux groupes qui se sont affrontés en Italie du XIIe au début du XIVe siècle.

Si, à l'origine, les deux camps s'opposaient sur la dynastie qui prétendait à la succession du Saint-Empire romain germanique, c'est sous le règne de Frédéric II que l'antagonisme va s'ancrer entre partisans de la papauté (Guelfes) et de l'empire (Gibelins). Ce clivage trouvera des manifestations dans les domaines civique et religieux et cristallisera les tensions entre les villes italiennes, les amenant à se transformer en cité-état et se faire continuellement la guerre.

  • Le terme « guelfe » est une francisation du nom italien « Guelfo » qui provient lui-même du nom de la dynastie des « Welf » – nom-emblème de la famille d'Otton IV – et désigne la faction qui soutient la papauté.
  • Le terme « gibelin », est le diminutif de « Guibertus », forme italienne de Waiblingen (Bade-Wurtemberg), château souabe auquel se réfèrent les partisans Hohenstaufen.

Les rivalités étaient, en fait, celles de familles, pour contrôler les villes. Par exemple à Gênes : les Grimaldi et les Fieschi se réclamaient du parti guelfe contre les familles gibelines Doria et Spinola.

Du côté de l'héraldique, les Gibelins adoptaient généralement la bannière de guerre du Saint Empire romain germanique - croix blanche sur fond rouge - comme leur propre. Les armées guelfes, quant à elles, inversaient généralement les couleurs : croix rouge sur blanc. Cette codification s'est fortement répandue dans l'héraldique civique des villes du nord de l'Italie et reste un indicateur révélateur de leurs anciennes tendances factionnelles. Traditionnellement, Pavie, Novare, Côme, Trévise et Asti continuent à arborer la croix gibeline. La croix guelfe se trouve sur les armoiries de villes comme Milan, Vercelli, Alessandria, Padoue, Reggio et Bologne.

Dans leurs stratégies défensives, les villes italiennes ont souvent fait usage de maisons-tours que l'on peut encore voir de nos jours à San Gimignano (13 subsistent sur les 75 originales) ou encore à Pavie (où 3 subsistent, place Léonard de Vinci).

Du côté de la littérature, Machiavel explique dans Le Prince, que Venise entretenait la querelle entre guelfes et gibelins afin de « diviser pour régner ». Quant à Montaigne, il rapporte dans ses Essais que, lors de ses voyages dans la péninsule italienne, il était souvent cru « gibelin par les guelfes et guelfe par les gibelins ».