12 avril 2013

Le concile de Pise

Alexandre VEn 1409, cela faisait déjà 30 ans que le grand schisme d'occident n'était toujours pas résolu : un pape siégait à Rome, un autre à Avignon.

L'Eglise vivait une de ses plus graves crises. Malgré toutes les tentatives de médiation qui avaient été faites, elle ne parvenait à démettre aucun des deux pontifes. Certains cardinaux unionistes proposèrent alors d'organiser un concile pour mettre fin au schisme. Les ducs de Bourgogne, véritables maîtres de la France en raison de la maladie du roi Charles VI, firent pression sur l'Université de Paris puis sur les cardinaux français, pour mettre fin au schisme. Les cardinaux finirent par faire connaître par lettre leur volonté de convoquer un concile pour le printemps 1409. Ils durent déployer une grande énergie pour gagner à leur projet un maximum de participants. L'appel se fit jusqu'à l'empire byzantin. L'entreprise fut couronnée de succès puisque 500 représentants des deux obédiences se réunirent à de Pise, du 25 mars au 7 août 1409. Il y eut notamment vingt-quatre cardinaux qui participèrent à ce concile, dont quatorze cardinaux romains et dix venus d'Avignon.

A l'issue de leurs délibérations, ils décidèrent de déposer les deux papes et d'en élire un nouveau. Le 5 juin, la condamnation des deux pontifes rivaux fut prononcée et les cardinaux pisans élurent Alexandre V le 26 juin. Mais les cardinaux furent immédiatement excommuniés par les deux papes rivaux et la situation ne fit qu'empirer : il y eut alors trois papes (dont deux antipapes).

En 1410, Alexandre V meurt, mais les pisans élisent rapidement un successeur : Jean XXIII, sans pour autant résoudre la crise.

Pendant 5 ans, la chrétienté est partagée en trois obédiences :

  • celle de Jean XXIII qui comprend la France, l'Angleterre, la Pologne, la Hongrie, le Portugal, les royaumes du Nord, avec une partie de l'Allemagne et de l'Italie
  • celle de Benoît XIII, composée des royaumes de Castille, d'Aragon, de Navarre, d'Écosse, du duché de Bretagne, des îles de Corse et de Sardaigne, des comtés de Foix et d'Armagnac
  • celle de Grégoire XII, qui conserve en Italie plusieurs villes du royaume de Naples et toute la Romagne, ainsi que la Bavière et le palatinat du Rhin.

Il faudra attendre le concile de Constance, réuni à partir de 1414 pour que se règle définitivement le problème du Grand Schisme.

5 avril 2013

Jean sans Peur

Jean sans PeurJean sans Peur fut le second duc de Bourgogne. Il est né le 28 mai 1371 à Dijon et est mort (assassiné) le 10 septembre 1419 à Montereau-Fault-Yonne.

Petit fils de Jean II, il est le cousin du roi Charles VI, il était un prince français de la maison capétienne de Valois. C'est lors d'une croisade menée à l'appel du roi Sigismond de Hongrie, contre les Ottomans, que Jean gagna le surnom de "sans peur". Il commandait le contingent français, mais la bataille se termina en septembre 1396 par le désastre de Nicopolis, où les croisés furent vaincus par le sultan Bayezid Ier.

Il a poursuivi la consolidation de l'État bourguignon, politique entreprise par son père, Philippe II (dit le Hardi). Par un habile mariage avec Marguerite De Flandre, il va devenir maître d'un ensemble territorial considérable, avec des villes comme Lille, Bruxelles et Bruges, et donc s'enrichir énormément. Mais cette orientation vers le nord, va l'éloigner de Paris, et ses relations avec le pouvoir royal vont se dégrader au gré de l'assurance qu'il va acquérir dans son domaine.

Mais parce qu’il avait besoin des finances royales pour développer sa principauté et que ses intérêts se heurtaient à ceux du frère du roi, Louis d’Orléans, Jean sans Peur va faire assassiner ce rival en 1407. En commanditant le meurtre de son cousin, le duc de Bourgogne entraînera la France dans la guerre civile entre les factions bourguignonne et armagnac (laquelle cherche à venger Orléans), qui se disputaient alors la capitale et la régence. Ces troubles contribuèrent à relancer la Guerre de Cent ans.

En 1409, profitant d'une brève accalmie dans les tensions qui animaient la capitale, il va faire construire un somptueux hôtel particulier dans Paris. A ce jour, la tour, achevée en 1411, existe toujours et peut se visiter, rue Etienne Marcel.

Jean sans Peur sera assassiné à son tour en 1419 alors qu’il tentait une énième réconciliation avec les Armagnacs pour tenter de parer au péril anglais.

C'était un homme vif, à la fois mécène et bon vivant, dont on connaît plusieurs maîtresses, un grand nombre d'enfants illégitimes, et le goût prononcé pour les intrigues et manœuvres politiques. De toutes évidences, ce devait être une personnalité exceptionnelle.