30 juin 2008

les Turlupins

Le mouvement des Turlupins s'inscrit dans la lignée des courants de pensée dits de "libre-esprit" qui essaimèrent en Europe à partir du XIIème siècle.
A l'instar d'autres mouvements comme les Cathares, les Vaudois, mais aussi les Templiers, ou les Franciscains, les Turlupins prônaient un idéal de pauvreté. C'était un ordre mendiant, poussant la notion de pauvreté au paroxysme, en vivant nus la plupart du temps.
Dans la doctrine turlupine, la pauvreté doit laver l'homme de tout péché et ressusciter le Christ en lui. C'est donc en écoutant ses propres désirs que l'homme entrera dans l'ère de "l'Esprit libre" où il pourra connaître la béatitude dès la vie terrestre. La charité se confond ainsi avec l'amour charnel qui se consomme sans restriction au sein de la communauté. Pour les Turlupins, une femme enceinte l'est par l'opération du Saint-Esprit.
Sur le plan philosophique, les Turlupins aspirent à la pauvreté intellectuelle (beati pauperes spiritu). L'esprit qui devient vacant permet de mieux recevoir Dieu.
La première condamnation papale remonte à 1204, et l'Inquisition n'aura de cesse de les pourchasser. Mais peu enclins au martyr, les Turlupins n'hésitent pas à feindre la dévotion la plus conforme et s'abstiennent de prosélytisme. C'est ainsi qu'ils échappent la plupart du temps aux épurations et se maintiennent au fil des siècles sans que l'on puisse dire que leur mouvement ait réellement pris fin à un moment précis.
Les procès et les documents historiques sont donc rares, mais on connaît, par exemple, l'exemple de Marguerite Porète, qui fut brûlée vive en place de Grève à Paris, le 1er juin 1310 avec le livre qu'elle avait écrit (le Mirouer des simples ames anienties). C'est donc surtout par les sources inquisitoriales que l'on peut se représenter leur doctrine, bien que le fantasme de l'inquisiteur devait certainement orienter les aveux.

Protagoniste du roman, Jeanne Daubenton est un personnage historique, dont la chronologie a été adaptée pour satisfaire les ressorts de l'intrigue.
De fait, on sait peu de choses sur elle. Les documents de la ville de Paris révèlent qu'elle fut brûlée vive, elle aussi, en 1372, en place de Grève. On dit qu'elle allait entièrement nue, et qu'elle proférait qu'il n'y a nul péché à satisfaire ses passions et tous les désirs des sens....

27 juin 2008

Le grand schisme d'occident

Le grand schisme d'occident fut une crise pontificale qui divisa la Chrétienté catholique en deux obédiences pendant quarante ans.

Le 5 juin 1305, les cardinaux, réunis en conclave à Pérouse, portèrent à la tête de l'Église Bertrand de Got qui choisit le nom de Clément V. C'est le premier pape français depuis l'élection de Sylvestre II en 999. Clément V fait son possible pour se concilier les bonnes grâces du puissant Philippe le Bel, roi de France, y compris lors du procès en inquisition contre les moines-chevaliers Templiers, le vendredi 13 octobre 1307.
En raison des luttes incessantes entre les cardinaux et l'Empereur du Saint-Empire Germanique, mais également pour montrer sa proximité avec le roi de France, Clément V décide alors en 1309, de s'établir «provisoirement» dans un couvent de dominicains à Avignon, sur des terres d'Empire qui lui sont cédées par le roi de Sicile, par ailleurs comte de Provence.

Cinq papes s'y succèderont et feront alors d'Avignon une cité puissante. De «provisoire», leur installation deviendra permanente.
Mais soixante ans plus tard, Gregoire XI (pape français) se met les Florentins à dos en excommuniant tous les habitants de la ville sous prétexte qu'ils ne veulent pas se soumettre à l'impôt pontifical. Pour tenter de se réconcilier avec les cardinaux italiens, il envisage de ramener la papauté à Rome, et effectue plusieurs voyages entre les deux villes. Mais, en 1378, gravement malade, c'est à Rome qu'il meurt.
Le Sacré Collège procèdera alors à l'élection d’Urbain VI, cardinal italien qui entamera son pontificat par une série de mesures controversées et violentes à l'égard des cardinaux français d'Avignon. Ceux-ci, outrés par son attitude, élisent alors l'un des leurs, le pape Clément VII.
Pendant trente-cinq ans s'ensuivra alors une période sombre pour l'église catholique puisque les deux papes et leurs successeurs s'excommunieront mutuellement. Chaque royaume apportait alors son soutient à l'un ou à l'autre pape, au grès des querelles, des rivalités ou de ses stratégies d'alliances.
En 1409, afin de dénouer cette crise majeure, un concile est tenu à Pise. L'objectif est que les deux papes démissionnent et qu'un nouveau pape soit élu. Mais la crise empire, est ce sont alors trois papes qui prétendent au trône suprême, et ce, pendant huit années encore, jusqu'au décès presque concomitant des trois protagonistes.
La crise prend fin en 1418 lorsque Martin V est élu par un conclave composé de cardinaux, de représentants de l’Empire, et des royaumes d’Angleterre, d’Espagne, de France, des seigneuries d'Italie, avec l’appui du concile. Il s’installe à Rome en 1418, mettant ainsi fin au Grand Schisme.

24 juin 2008

Paris, quatorzième siècle

Plan de Paris - 1383 Au quatorzième siècle, la ville de Paris est la plus peuplée d'Europe. Avec ses 200.000 habitants, elle surpasse largement Londres (50.000), Moscou ou Rome.

La ville est fortifiée à cause des menaces pressantes des Anglais. Le roi Charles V fait construire une enceinte plus large que celle de Philippe Auguste, et qui englobe alors l'ensemble des actuels 3e et 4e arrondissements, sur la rive droite. La rive gauche restant confinée dans la muraille de Philippe Auguste.

On distingue sur la carte ci-contre (datant de 1383) les enceintes successives (en pointillés), ainsi que les grands axes de communication nord-sud et les ponts sur la Seine. On remarquera également que seule l'île de la Cité est construite. L'actuelle île Saint-Louis étant même coupée en deux îles, qui ne seront réunies qu'une centaine d'années plus tard.

La ville est organisée en trois grandes parties, séparées physiquement par la Seine :

  • rive droite, se trouvent les artisans, les commerçants et les riches bourgeois, organisés en corporations.
  • rive gauche, se trouve le pouvoir religieux, avec de grandes abbayes comme Saint-Germain des Prés (encore hors les murs de Paris au XIV ème), ou les facultés d'art et de science, comme la Sorbonne.
  • au centre et le long de la Seine se dresse le pouvoir royal, avec, d'aval en amont, le palais royal du Louvre, le palais de Justice sur l'île de la Cité, le Grand Châtelet, la cathédrale Notre Dame, l'hôtel Saint-Paul où loge le roi et la reine, et enfin la Bastille dont la construction démarre à la fin du XIVème.

Au quatorzième siècle, en France, les temps sont troubles, surtout depuis l'accession controversée au trône de Philippe VI en 1328, en vertu d'une loi salique bien opportune. De plus, en ville comme dans les campagnes, on se remet à peine de la peste noire de 1348 qui a décimé près d'un quart de la population. Des émeutes éclatent à Paris (la Jacquerie, en 1358, voit l'avènement d'Etienne Marcel), et le roi Jean II est fait prisonnier par les Anglais à la bataille de Poitiers en 1356. La France est désorientée, appauvrie, affaiblie et malade.

Période décriée de l'histoire de France, elle brille néanmoins par quelques uns de ses artistes ou de ses intellectuels(Nicole Oresme, Christine de Pisan, etc.). Des chefs d'oeuvres sont créés, sur le plan architectural, mais aussi en sculpture, peinture, et littérature...