9 novembre 2008

Le duc de Berry

Jean Ier, dit le Magnifique, duc de Berry, fut fils, frère et oncle de roi, mais jamais roi lui-même.

Jean Ier de BerryFils de Jean II, il est né à Vincennes en 1340 et est décédé en 1416. Il reçoit de son père le duché de Berry et d’Auvergne en 1360. Neuf ans plus tard, son frère Charles V lui octroie le comté de Poitou, à charge pour lui de le reprendre aux Anglais. Cette difficile reconquête se fait grâce au connétable Du Guesclin, en 1372.

Les années suivantes, Jean de Berry s’attache à développer les arts dans ses différentes demeures. Il sera un mécène fastueux et un protecteur des artistes durant la fin du XIVème siècle. Ainsi, il commanda un livre d'heures aux trois frères Paul, Jean et Herman de Limbourg. Ces Très riches Heures du duc de Berry ne furent terminées que bien après sa mort par l'atelier des enlumineurs. Elles constituent un chef-d'oeuvre artistique du Moyen Âge finissant avec leurs miniatures illustrant notamment les douze mois de l'année. Elles sont aujourd'hui conservées au musée Condé, dans le magnifique château de Chantilly, au nord de Paris.

Régent pendant les périodes de maladie de son neveu, Charles VI, on le soupçonne de détournements de fonds pour ses projets artistiques. Ainsi, il se fit construire plusieurs palais : à Mehun-sur-Yèvre, à Bourges, ainsi qu'un château au bord de l'eau à Poitiers (où il fit de plus réaménager le donjon comtal en tour de résidence). Sur le modèle de la Sainte-Chapelle de Paris, il fit édifier la Sainte-Chapelle de Bourges pour bien montrer sa filiation avec le roi saint-Louis.

La miniature ci-contre, extraite des Très Riches Heures (le mois de janvier), montre le duc de Berry en houppelande bleue et toque de fourrure recevant les voeux de ses amis au cours d'un fastueux banquet.

22 juillet 2008

Raymond du Temple

Raymond du Temple fut l'architecte du roi Charles V puis de Charles VI. Il est né dans les années 1330 et est décédé en 1404.

Il était également sergent d'armes, corps de gentilshommes institué par Philippe Auguste pour la garde personnelle du roi et maçon juré de Notre-Dame de Paris. Des rapports confiants, voire d'amitié, ont lié le roi et son architecte ; ainsi, Charles V était le parrain du fils de Raymond du Temple, Charles, qui devait succéder à son père et lui versa, durant ses études à Orléans, une pension de 200 francs or.

Durant sa prolifique carrière, Raymond du Temple supervisa, entre autres, les constructions suivantes :

  • La clôture du chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris (et fin de la construction)
  • L'aménagement du château du Louvre afin de le transformer en résidence pour le roi. Un nouveau logis est construit pour accueillir les appartements royaux situés aux 1er et 2e étages, desservis par un grand escalier à vis hélicoïdal nommé "La Grande Vis", célèbre et par sa dimension et par son décor sculpté. On peut encore admirer une partie de cet escalier aujourd'hui, dans la salle des fondations du musée du Louvre.
  • L'aménagement de l'Hôtel Saint-Pol
  • L'achèvement du donjon du château de Vincennes
  • L'élaboration des plans et initiation de la construction de la Sainte-Chapelle du Château de Vincennes, inspiré de la Sainte-Chapelle de Paris.
  • La construction de l'enceinte du château de Vincennes, et de ses neuf tours.

Dans le roman, le lien de parenté entre Raymond du Temple et Jean Fusoris est fictif.

7 juillet 2008

Charles V

Charles V, roi de France Charles V, dit le Sage, roi de France.

Fils de Jean II, il assure la régence (avec ses oncles) pendant l'emprisonnement de son père à Londres, de 1356 à 1360, puis sera couronné à la mort de son père, en 1364.

Son règne marque la fin de la première partie de la guerre de Cent Ans : il réussit à récupérer toutes les terres perdues par ses prédécesseurs, restaure l'autorité de l'État et relève le royaume de ses ruines.

Charles V est un roi très instruit. Alors dauphin, son précepteur fut Nicole Oresme qui le sensibilisa aux auteurs classiques. Christine de Pisan le décrit comme un intellectuel accompli maîtrisant les sept arts libéraux. C'est aussi un roi très pieux, qui prend Saint-Louis comme modèle (restauration de la grandeur de l'état et du sentiment patriotique, mais aussi construction de la sainte-chapelle de Vincennes).

En 1356, lorsque son père est fait prisonnier, il n'a que dix-huit ans, mais bien des défis se présentent à lui. Il doit faire face à la révolte des bourgeois de Paris, conduits par Etienne Marcel, ainsi qu'à la Jacquerie dans le nord du royaume. Il doit également faire face à de nouvelles charges des Anglais. Paradoxalement, ces difficultés renforceront son image auprès des Parisiens. En effet, il parvient à éliminer ses ennemis sans faire couler le sang dans la capitale.

Le traité de Londres qui permet d'obtenir une paix relative avec l'Angleterre - et sa rançon de 4 millions d'écus pour le retour du roi Jean - oblige le royaume à se réorganiser. Avec Nicole Oresme aux finances, la création du franc, un système d'impôts efficace, et la réinjection des capitaux dans la population via une politique de grands travaux, ce qui crée de la richesse et des revenus réguliers pour l'état.

Ainsi, avec son fidèle Bertrand Du Guesclin, il peut alors se lancer dans une vaste reconquête des terres cédées aux Anglais. Ses troupes, mieux dirigées et mieux payées, voleront alors de victoire en victoire. Mais sa stratégie de reconquête n'est pas que militaire : elle est tout aussi diplomatique. Ainsi, il laisse venir le grand schisme d'occident pour mieux isoler l'Angleterre, et en janvier 1378, alors qu'il est victorieux sur tous les fronts, il reçoit son oncle l’empereur germanique Charles IV, afin de faire avaliser sa souveraineté et ses victoires par un des souverains les plus puissants d'Europe. Cette visite est grandiose ; elle est l'occasion de montrer que le roi de France est l'égal de l'empereur (le protocole est étudié pour cela).

Il meurt en 1380 et laisse à son fils le futur Charles VI, un royaume en bien meilleur état qu'il ne l'avait trouvé.

1 juillet 2008

Le Château de Vincennes

Le Château de Vincennes est le plus important château fort royal français subsistant, et par la hauteur de son donjon (50 mètres), il est la plus haute forteresse de plaine d'Europe.

Les bâtiments médiévaux que l'on peut admirer de nos jours ont été construits sur une courte période, au XIVème siècle.

Les Capétiens prisaient déjà l'endroit. S'il n'en reste rien de visible, des fouilles attestent la présence d'un manoir médiéval qui se trouvait idéalement situé en bordure de l'immense forêt de Vincennes. L'endroit était parfait, pour surveiller Paris, tout en se détendant à la chasse.

Saint-Louis (Louis IX) y est même souvent représenté, rendant la justice sous un chêne. Ce roi diplomate et pieux entreposa même à Vincennes une partie des reliques de la Passion, ramenées de Terre Sainte.

le donjon du château de VincennesMais c'est surtout Jean II qui, de retour d'exil, ordonne la construction d'un gigantesque donjon afin d'asseoir son autorité retrouvée. Le 22 avril 1361, le roi nomme Jean Goupil «payeur des œuvres», c'est-à-dire gestionnaire du financement de la construction de cette tour. Ce que Jean II décide de construire est à la fois une résidence royale, un lieu de protection et un point d'appui militaire aux portes de Paris. Le donjon encore aujourd'hui dans un état remarquable, témoigne du génie de son architecte : Raymond du Temple. Ce programme multiple est alors tout entier dans le donjon et son enceinte : l'enceinte du château, entreprise en 1373, n'était pas prévue à ce stade.

Même si la construction fut achevée en un temps record en 1370, ce qui est remarquable pour une œuvre d'un telle complexité, Jean II n'en profitera pas, étant décédé en captivité à Londres. Ainsi, le donjon étonne par la puissance qu'il dégage de l'extérieur, mais aussi par la finesse et la richesse de sa décoration intérieure. La seule et fine colonne qui soutient les voûtes de chacune des pièces centrales de chaque étage encaisse un poids intelligemment réparti selon de très complexes et astucieux transferts de forces qui ont été récemment mis au jour, lors des travaux de restauration du donjon.

le château de Vincennes en 1380 Le lieu plaisait à Charles V, et il va décider de continuer les travaux, en lançant un autre projet titanesque : clore l'ensemble des bâtiments capétiens et le donjon en une gigantesque enceinte fortifiée. Cette enceinte fut réalisée dans sa totalité (avec ses neuf tours) dans le temps record de 8 ans, ce qui a dû impliquer une logistique de chantier incroyable, étant donné la quantité de pierres qu'il a fallu transporter, tailler et assembler. Il a sans doute dû s'agir du plus grand chantier de construction de toute l'Europe.

Ainsi, en quelques années, pour la construction, on a utilisé environ 260 000 blocs de calcaire d'une hauteur d'un pied, d'une longueur moyenne de 80 cm, d'une épaisseur de 50 à 70 cm : cela signifie l'arrivée en moyenne de 130 blocs par jour ouvrable. Sans compter les matériaux nécessaires pour les parements, les portes, les fenêtres, etc.

Le coût de construction du château fut considérable. Les quelques documents conservés permettent d'affirmer que le chantier, entre 1361 et 1380, coûta au roi plusieurs centaines de milliers de livres, cette énorme somme englobant les travaux proprement dits mais aussi les dépenses liées à l'agrandissement du Bois et aux aménagements intérieurs des constructions.

Car bien que réalisée en un temps très court, la construction fut d'une très grande qualité. Le soin apporté à l'assemblage, à joints fins, des pierres des parements extérieurs du donjon et de son châtelet et surtout de l'enceinte du château, est remarquable.

Enfin, en 1379, Charles V ordonne la construction de la Sainte-Chapelle, pour honorer la mémoire de son aïeul, et protéger les reliques de la Passion. Cependant, le roi meurt l'année suivante, et ce projet n'est pas repris pas son fils, Charles VI, jugeant trop dispendieuses les dépenses faites à Vincennes. La construction en reste au stade de fondation pendant de longues années, avant qu'elle ne reprenne timidement dans les années 1395, sans toutefois être achevée. Le chantier ne fut réellement achevé qu'en 1559 par Henri II.

Pour aller plus loin : chateau-vincennes.fr