Autour des romans

Quelques billets autour de mes romans historiques, publiés chez Actes Sud, Imperiali Tartaro et Michel de Maule.

24 mai 2013

Les animaux diaboliques au Moyen-Âge

BestiaireLes hommes du Moyen-Âge observent très bien la faune et la flore. Il nous reste de ces époques lointaines de somptueux manuscrits enluminés : les bestiaires. Richement illustrés et longuement annotés, ils décrivent par le menu, dans des termes qui font sourire aujourd'hui, les caractéristiques, les vices et les vertus de chacune des créatures de Dieu.

De façon générale, on peut dire que tout animal (domestique ou pas) présente des signes et des présages qu’il convient de décrypter, pour la météorologie, le destin collectif ou individuel. Ainsi, les animaux sont, de façon très basique, rangés en deux catégories : ceux qui sont bénéfiques et ceux qui sont maléfiques.

Vivre la nuit est signe de grand péché. Le Seigneur a ordonné de dormir la nuit, et donc il convient de se méfier des animaux qui ne suivent pas ce précepte. En effet, l'homme médiéval pense que les espèces nocturnes symbolisent le peuple juif qui a préféré les ténèbres à la lumière du Sauveur. Dans cette catégorie, on trouvera par exemple la chauve-souris, le loup, le renard et tous les insectes… Les évangiles des Quenouilles disent, notamment : « quand on voit une nuée de chauve-souris voler autour de sa maison, alors il vaut mieux déménager : c’est un signe certain que très bientôt, il y aura le feu. »

Parmi les autres animaux maléfiques – même si eux, on ne sait pas ce qu’ils font la nuit - il faut citer les poissons (surtout les poissons de mer, dont l’homme médiéval se méfie, car il ne s’aventure guère en haute mer, et donc se méfie de toutes les créatures qui s’y trouvent). Toujours dans les évangiles des Quenouilles, on peut lire : « on ne doit pas donner à des femmes enceintes des têtes de poisson à manger afin que par leur imagination, leur fruit ne naisse la bouche plus relevée et plus pointue qu’il n’est normal. »

Dans l’imaginaire médiéval, l’araignée est diabolique car comme le Diable, tous les jours elle tisse une grande toile pour s’emparer de notre âme. Pourtant, elle peut aussi être un signe de chance. Ainsi, le dicton « si un homme trouve sur sa robe une araignée, c’est qu’il sera très heureux ce jour là » existait déjà. Mais l'araignée n’est pas le seul animal ambivalent. L'âne l'est également. S'il est utile au transport de charges, il est sale, paresseux, entêté et stupide. Le plus souvent, il est moqué et symbolise l'ignorance. Citons enfin le cas du chat : bien que volontiers vagabond (le chat voit la nuit, ce qui est le propre des créatures infernales !), il se classe généralement dans les animaux bénéfiques car il est propre, se tient toujours loin des lieux nauséabonds, et est avant tout un chasseur de rongeurs : les contemporains de la Grande Peste de 1348 avaient compris le lien entre les rats et la propagation de la maladie.

Enfin, les créatures chimériques (mais réelles dans l'esprit de l'homme médiéval), telles que le dragon, le griffon, la sirène, la licorne ou le centaure ne sont pas forcément diaboliques. Elles sont décrites dans les bestiaires comme les autres espèces, tout aussi doctement.

17 mai 2013

Guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons

Assassinat_Duc_Orleans En raison de ses ennuis de santé, Charles VI se voit contraint de laisser la reine Isabeau de Bavière présider un conseil de régence, où siègent les grands du royaume. On y trouve notamment le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, oncle du roi, fin politique qui a une forte influence sur la reine ainsi que Louis d'Orléans, le frère du roi, que l'on soupçonne d'être l'amant de la reine. À la mort du Hardi, son fils Jean sans Peur,, moins lié à Isabeau, perdra encore de l'influence.

Tandis que Louis d'Orléans, tirant du Trésor royal les neuf dixièmes de ses revenus, achète terres et places fortes dans les marches orientales du royaume que les Bourguignons considèrent comme une chasse gardée, Jean Sans Peur, qui n'a pas le prestige de feu son père, voit se tarir les largesses royales. Alors que le père recevait deux cent mille livres par an, le fils doit se contenter de trente-sept mille.

Sur le plan politique, l'attitude à tenir face aux Anglais les oppose également : Louis d'Orléans veut faire rompre la trêve franco-anglaise, quitte à provoquer Henri IV de Lancastre en duel, ce que Jean sans Peur ne peut admettre, car les industriels flamands dépendaient totalement des importations de laine d’outre-Manche et auraient été ruinés par un embargo.

Louis d'Orléans, par ses manigances, bénéficie de la bienveillance de son frère le roi lors de ses phases de sortie de crise : il réussit ainsi à faire évincer les Bourguignons du conseil. C'en est trop pour Jean sans Peur qui décide de se débarrasser de son exaspérant rival : il le fait assassiner à Paris, rue Vieille du Temple, le 23 novembre 1407, alors que celui-ci sort de chez la reine, qui vient d'accoucher. Cet assassinat déclenche la guerre civile.

Pour montrer que Jean sans Peur ne craint rien ni personne, il fait ériger en 1409, au cœur même de la capitale, un tour fortifiée adossée à son hôtel particulier : la Tour Jean sans Peur. Les Bourguignons lancent des rumeurs sur la liaison entre la reine et Louis d'Orléans, questionnant la paternité du Dauphin.

Charles d'Orléans, le fils de Louis, épouse en 1410 la fille de Bernard VII d'Armagnac. Il forme alors à Gien, à l'occasion de ses noces, une ligue contre le duc de Bourgogne et ses partisans, dans laquelle entrent, outre le duc d'Orléans et son beau-père, les ducs de Berry, de Bourbon et de Bretagne, ainsi que les comtes d'Alençon et de Clermont. De plus, Bernard VII recrute dans le Midi des bandes qui font la guerre avec une férocité inouïe : les Écorcheurs. À leur tête, il ravage les environs de Paris et s'avance jusqu'au faubourg Saint-Marcel. Un traité, signé à Bicêtre le 2 novembre 1410, suspend les hostilités, mais, dès le printemps 1411, les partis reprennent les armes. Les Armagnacs se répandent dans le Beauvaisis et la Picardie. En octobre 1411, fort d'une armée de 60 000 hommes, le duc de Bourgogne entre dans Paris et attaque les Bretons, alliés des Armagnacs, qui sont retranchés à La Chapelle. Il doit reculer, mais, dans la nuit du 8 au 9 novembre, il sort par la porte Saint-Jacques, marche sur Saint-Cloud et défait complètement l'armée des Écorcheurs. Puis Jean sans Peur poursuit les princes d'Orléans et leurs alliés, assiège Dreux puis Bourges, mais l'armée royale paraît devant cette ville et contraint les deux parties à signer un nouveau traité de paix.

Le duc de Bourgogne reste neutre vis-à-vis des Anglais, qui reprennent les hostilités en 1415. Il laisse ainsi Henri V défaire l'armée française, essentiellement pourvue par les Armagnacs, à la bataille d'Azincourt en octobre 1415. Jean sans Peur en profite et s'empare de Paris en 1418 ainsi que d'une grande partie du territoire, fort du soutient de la population. Le Bourguignon entre alors en négociation avec les Anglais, favorable aux prétentions du roi d'Angleterre au trône de France, mais également avec les Armagnacs et le dauphin, car ses finances sont au plus bas.

Le 10 septembre 1419, Jean sans Peur se fera assassiner, à Montereau-Fault-Yonne, lors d'une entrevue avec le Dauphin Charles, par des hommes de main du parti des Armagnacs, qui craignaient que le Dauphin ne cède trop aux Bourguignons. Cet acte empêche tout apaisement et fait s'effondrer ce qui reste du royaume de France.

Philippe le Bon, le nouveau Duc de Bourgogne, fait alors clairement alliance avec les Anglais et fait signer le traité de Troyes, où Charles VI déshérite le dauphin et marie sa fille Catherine de Valois à Henri V d'Angleterre. Le roi d'Angleterre reçoit la couronne de France et Charles VI récupère le pouvoir dont il a été évincé depuis 1392, du fait de ses accès de folie. Il exercera une régence sur ce qui lui reste de terres au sud-est de la France jusqu'à sa mort, en 1422. Ce traité est évidemment dénoncé par les Armagnacs, qui arguent "que le roi appartient à la couronne et non pas l'inverse". Il faudra l'intervention de Jeanne d'Arc pour que Charles VII puisse être légitimé par un signe divin et sacré à Reims, le 17 juillet 1429, prenant de court le successeur d'Henri V, aussi décédé en 1422.

Charles VII, engagé dans une patiente reconquête du territoire français, souhaite isoler les Anglais des Bourguignons. En 1435, il conclut avec Philippe le Bon le traité d'Arras, qui reconnaît l'indépendance de la Bourgogne. Cet accord met officiellement fin à la guerre et va permettre à Charles VII de reprendre aux Anglais pratiquement toutes leurs possessions continentales.

10 mai 2013

La langue des signes dans les monastères

pleurantCertains ordres monastiques recommandent que, pour des raisons de discipline religieuse, le silence soit observé à l'intérieur des couvents. Cette règle fut particulièrement observée dans les ordres de Cluny et de Cîteaux. Au Moyen Âge, si ce n'était pas la règle générale pour tous les béguinages, il est prouvé que dans certains cas, la règle du silence était également strictement suivie.

Cependant, si les religieux renonçaient à la parole, il leur était impossible de renoncer à communiquer : toute vie communautaire, si méditative soit-elle, requiert un minimum d'échange d'information pour pouvoir se dérouler de manière satisfaisante. Saint Benoît (dont se réclament les cisterciens), invita donc à avoir recours à un substitut de la parole lorsque la communication était indispensable et suggéra qu'on se manifeste par « quelque son ou quelque signe ». L'emploi systématique de gestes est mentionné pour la première fois dans la vie de Saint-Odon qui fonda à Cluny un ordre de Bénédictins réformés. La première rédaction de la règle de saint Benoît, incluant notamment les prescriptions relatives au silence qui donneront naissance à la langue des signes monastique remonte à la fondation de l'abbaye du mont Cassin en 529. La première liste de gestes que nous possédons date des environs de l'an 1000. Elle contient 296 signes. D'autres listes se sont succédé au cours des siècles suivants, tant en France qu'à l'étranger. En comparant toutes les listes existantes on peut relever plus de 1300 signes différents par le sens. Si l'on examine ces listes, on voit que les "mots" correspondent aux besoins d'expression d'un moine inscrits dans le cours de ses activités matérielles quotidiennes dans le cadre du couvent. Les séquences employées sont simples, dépourvues d'outils grammaticaux.

Cette langue des signes a traversé les siècles et les pays et est encore pratiquée de nos jours dans les monastères cisterciens de la stricte observance (trappistes). On estime le nombre de locuteurs à 25.000 environs dans le monde.

Dans le langage gestuel, comme dans la plupart des langues, on trouve les quatre modalités : interrogation, ordre, souhait et affirmation. Par exemple, l'interrogation se signale au niveau des épaules ou de la tête qu'on rejette en arrière.

Les énoncés s'accomplissent en exécutant successivement les différents gestes correspondant aux mots. Des gestes composés peuvent être produits à partir de deux gestes simples. Ainsi, pour le signifié « abeille », on fait le geste pour « aile » et pour « doux ». D'autres gestes peuvent être produits à partir d'un geste simple et d'un geste composé ; ainsi, pour le signifié « miel », on fait le geste pour « beurre » et pour « abeille », ce dernier étant lui-même formé d' « aile » et de « doux ».

Les principes de la LSM (langue des signes monastique) sont proches de la LSF (langue des signes française), mais de nombreux signes diffèrent. Et si un sourd français peut difficilement comprendre un sourd italien aujourd'hui, il n'en est pas de même avec la LSM même si certains monastères ont des signes qui leurs sont propres.

3 mai 2013

Tour Jean sans Peur

tour_jean_sans_peurLa tour Jean-sans-Peur est le dernier vestige de l'hôtel des ducs de Bourgogne. Elle fut édifiée entre 1409 et 1411 par Jean sans Peur, pour fortifier sa résidence parisienne.

En ce début du XVème siècle, le duc de Bourgogne est riche et puissant. Plutôt favorable à une alliance avec les Anglais, Jean sans Peur s'oppose frontalement à la politique du roi Charles VI. Le 23 novembre 1407, il fait assassiner son cousin, Louis d'Orléans, frère du roi : c'est le paroxysme de la guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons. Pour se protéger d'éventuelles représailles, il fait construire cette tour fortifiée de 21 mètres de haut dans son hôtel (dit "d'Artois"). L'hôtel avait, en effet, à l'origine, été construit par Robert II d'Artois à la fin du XIIIe siècle, adossé à l'enceinte de Philippe Auguste. Il était devenu l'hôtel de Bourgogne en 1369 à la suite d'une union entre les familles d'Artois et de Bourgogne.


Éléments remarquables :

  • Le grand escalier à vis, inspiré par celui qu'avait fait construire Charles V au Louvre.
  • Le décor végétal de la voûte d'escalier : pot central d'où partent des branches de chêne sur lesquelles grimpe du houblon, rejointes par des branches d'aubépine naissant des murs.
  • La reconstitution des latrines, les plus anciennes de Paris, dont était dotée chaque chambre. Contrairement à celles des époques précédentes, elles ne débouchaient pas sur l'extérieur, mais disposaient d'un conduit dans l'épaisseur du mur, aboutissant à une fosse en sous-sol. Elles étaient chauffées par le revers de la cheminée de la chambre.
  • Le trône et la salle de réunion de Jean sans Peur.
  • Un morceau de la base de l'enceinte de Philippe Auguste visible dans les caves.

Elle fut restaurée en 1999. De nos jours, située au 20 rue Étienne-Marcel, dans le 2e arrondissement, on peut la visiter du mercredi au dimanche. Des expositions sur des thèmes médiévaux y sont régulièrement organisées (comme Le Moyen-Âge en bande-dessinée, L'hygiène au Moyen-Âge ou encore Au lit au Moyen-Âge).

Site officiel : tourjeansanspeur.com/

26 avril 2013

Les évangiles des quenouilles

QuenouillesLes Evangiles des Quenouilles est un étonnant recueil de sagesse féminine sur des sujets aussi divers que les maladies et leurs remèdes, les conseils et les interdits de la vie quotidienne ainsi que les superstitions.

Il existe deux manuscrits de ce texte ; bien qu’il soit difficile de les dater et d’en situer l’origine précisément, les chercheurs s’accordent sur le fait qu’ils ont tous deux été composés dans le dernier tiers du XVème siècle, dans les états septentrionaux des ducs de Bourgogne, quelque part entre la Flandre et l’Artois, dans le pays de Weppes. Le manuscrit « C », le plus ancien, aurait été exécuté entre 1450 et 1470. Il se trouve aujourd’hui au musée Condé au château de Chantilly. Le manuscrit « BNF » – conservé, donc, à la BNF – lui est légèrement postérieur. On sait que le manuscrit BNF a servi de base à une édition imprimée à Bruges en 1480, dont il existe encore 6 incunables de par le monde. Après ces ouvrages, il y a encore eu de nombreuses autres éditions ; ce fut un véritable best-seller en son temps. Dans les siècles suivants, et bien que ce livre soit encore aujourd’hui assez peu étudié, on en trouve des éditions plus récentes, comme celle de 1855, jusqu’à la dernière, éditée par Albin Michel en 1987.

Le texte est composé de trois veillées, soit 132 évangiles en tout, glosées, c’est à dire que les dictons sont commentés par une des femmes de la veillées qui confirme le dicton et qui, en général, en donne un exemple. Le tout est évidemment truculent, truffé de grivoiseries, de jeux de mots et d'ironie. La structure de recueil en 6 parties s’appelle un hexaméron, c’est une forme très classique de cette période. L’autre forme habituelle, à cette époque, était le décaméron. On connaît bien sûr celui très célèbre de Boccace, écrit 100 ans plus tôt pendant la grande peste. On connaît moins les « cent nouvelles nouvelles », qui a lui été composé à la même période que nos quenouilles, et surtout, dans la même région, à la cour de Bourgogne.

Dans son introduction, l’auteur du texte justifie le nombre de femmes qui participent à ces veillées : "étant donné que pour tout témoignage de vérité, il faut trois femmes pour deux hommes, pour être à égalité avec le nombre des quatre évangélistes, il fut convenu que six femmes seraient choisies pour accomplir cette œuvre afin d’avoir plus grande preuve de vérité." On voit ici que dans la société médiévale, la voix d’une femme compte mathématiquement moins que celle d’un homme. Deux tiers. C’est précis.

Sur les sujets abordés dans cet étonnant ouvrage, on repère notamment :

  • 11 évangiles parlent de la tromperie des maris et 5 parlent des violences subies par les femmes. On a également 14 évangiles qui donnent des conseils d’hygiène : on voit bien là que ce sont des sujets sérieux.
  • De nombreux évangiles parlent des animaux. Il faut savoir que le soin des animaux domestiques est, au Moyen Âge un rôle tenu par la femme. Les animaux sont, de façon très basique, rangés en deux catégories, ceux qui sont bénéfiques et ceux qui sont maléfiques. Tout animal (domestique ou pas) présente des signes et des présages qu’il convient de décrypter, pour la météorologie, le destin collectif ou individuel.
  • Enfin, une très grande majorité des évangiles consiste en un recueil de « trucs et astuces », du genre « pour être sûr d’avoir ceci, alors il faut faire cela ».

Quelques exemples d'"évangiles" :

  • « si on frotte une verrue la veille de la saint Jean avec une feuille de sureau et qu’on enterre ensuite cette feuille profondément, la verrue séchera à mesure que la feuille pourrira. » Ce dicton est intéressant car il mélange trois aspects : le remède de grand-mère (les feuilles de sureau sont effectivement très riches en acide cyanhydrique et donc réellement efficaces sur les verrues), les superstitions liées aux saints, ainsi que le bon sens, tout simplement : la saint Jean tombe au début de l'été, là où les plantes sont les plus efficaces car gorgées de sève.
  • « Si une femme enceinte enjambe le timon d’une charrette, si elle porte un fils, il aura un membre gros et dur à merveille, et si c’est une fille, elle aura de grosses lèvres vermeilles aussi bien en haut qu’en bas. » ... parmi les nombreux dictons grivois.
  • « si la concubine d’un prêtre persévère en son péché jusqu’à sa mort, alors tenez pour vrai qu’elle est monture du diable et qu’il est inutile de prier pour elle. Glose : le péché peut s’éteindre par les prières du prêtre et celles des enfants qu’ils ont engendrés. » où l'on voit bien que c’est la femme qui commet le péché de chair ; le prêtre, lui, n’est pas mis en cause ; au contraire, il peut même pardonner…
  • « si l’on va se coucher sans ranger le siège sur lequel on s’est déchaussé, on est en danger d’être, cette nuit-là, chevauché par la Cauquemare. » où l'on rencontre la "Cauquemare", être malveillant, féminin, qui surgit la nuit et qui nous tourmente... (qui a donné le mot "cauchemar")

19 avril 2013

Les béguines

béguinageDe nos jours, on peut encore admirer des béguinages complets en Belgique ou aux Pays-Bas. Ils datent généralement du XVIIème siècle.

Mais le mouvement béguinal est bien plus ancien et remonte au XIème siècle, aux confins des mouvements bogomiles et cathares, eux mêmes issus des franges dures des franciscains. Les suiveurs de Saint François d'Assise, en effet, opposaient une vision pauvre et humble face à l'opulence de l'Eglise et de la papauté. Alors que les Bogomiles concernaient les Balkans et le nord de l'Italie, et que les Cathares le sud de la France, les béghards ("mendiants") ont gagné la vallée du Rhin puis les Flandres. A divers degrés, tous ces mouvements furent condamnés, taxés d'hérésie par plusieurs bulles papales et sévèrement réprimés.

Mais au XIIème siècle, le mouvement béguinal s'organise, se féminise. Il s'étend vers le nord. Des communautés émergent, soudées autour de personnalités fortes. Ces femmes s'organisent, rejetant l'autorité des hommes, aussi bien dans la loi civile que religieuse ; elle ne sont pas assujetties à des ordres monacaux, comme les célestines ou les bénédictines. Si le mouvement s'éloigne des institutions, il en reste très spirituel, voire mystique ; quelques écrits remarquables en témoignent (principalement Hadewijch d’Anvers, Hildegarde de Bingen et Mechthilde de Magdebourg).

L’âge d’or du mouvement béguinal se situe entre les XIIIème et XIVème siècles : chaque ville dispose alors d'un ou plusieurs béguinages, dans les Flandres, depuis nord de l'actuelle France jusqu'aux Pays-Bas, mais aussi à Paris et dans la vallée du Rhin. Ces femmes vivent pauvrement mais travaillent et bénéficient parfois d'avantages économiques pour vendre leurs produits artisanaux sans taxe, ce qui suscite la colère des corporations. Ce sont souvent des veuves ou des femmes refusant l'homme qu'on veut leur faire épouser. Recluses dans les enclos où les hommes sont interdits de visite, elles n'en mènent pas moins une vie sociale en prêchant ou en proposant leurs services, comme le soin des blessés ou le service funéraire. Mais en raison des persécutions, aussi bien civiles que religieuses, mais aussi de la peste noire de 1348, le mouvement décline fortement au début du XVème siècle.

Le déclin est encore accru avec la diffusion du protestantisme puis, à la faveur de la contre-réforme, le mouvement béguinal renaît aux XVIIème-XVIIIème siècles, avant de décliner à nouveau. Ce deuxième âge béguinal fut différent du premier, beaucoup plus structuré et dans des couches sociales nettement plus aisées. Pour ces raisons, les « nouveaux » béguinages ne produiront plus de grandes mystiques comme au Moyen-Âge.

12 avril 2013

Le concile de Pise

Alexandre VEn 1409, cela faisait déjà 30 ans que le grand schisme d'occident n'était toujours pas résolu : un pape siégait à Rome, un autre à Avignon.

L'Eglise vivait une de ses plus graves crises. Malgré toutes les tentatives de médiation qui avaient été faites, elle ne parvenait à démettre aucun des deux pontifes. Certains cardinaux unionistes proposèrent alors d'organiser un concile pour mettre fin au schisme. Les ducs de Bourgogne, véritables maîtres de la France en raison de la maladie du roi Charles VI, firent pression sur l'Université de Paris puis sur les cardinaux français, pour mettre fin au schisme. Les cardinaux finirent par faire connaître par lettre leur volonté de convoquer un concile pour le printemps 1409. Ils durent déployer une grande énergie pour gagner à leur projet un maximum de participants. L'appel se fit jusqu'à l'empire byzantin. L'entreprise fut couronnée de succès puisque 500 représentants des deux obédiences se réunirent à de Pise, du 25 mars au 7 août 1409. Il y eut notamment vingt-quatre cardinaux qui participèrent à ce concile, dont quatorze cardinaux romains et dix venus d'Avignon.

A l'issue de leurs délibérations, ils décidèrent de déposer les deux papes et d'en élire un nouveau. Le 5 juin, la condamnation des deux pontifes rivaux fut prononcée et les cardinaux pisans élurent Alexandre V le 26 juin. Mais les cardinaux furent immédiatement excommuniés par les deux papes rivaux et la situation ne fit qu'empirer : il y eut alors trois papes (dont deux antipapes).

En 1410, Alexandre V meurt, mais les pisans élisent rapidement un successeur : Jean XXIII, sans pour autant résoudre la crise.

Pendant 5 ans, la chrétienté est partagée en trois obédiences :

  • celle de Jean XXIII qui comprend la France, l'Angleterre, la Pologne, la Hongrie, le Portugal, les royaumes du Nord, avec une partie de l'Allemagne et de l'Italie
  • celle de Benoît XIII, composée des royaumes de Castille, d'Aragon, de Navarre, d'Écosse, du duché de Bretagne, des îles de Corse et de Sardaigne, des comtés de Foix et d'Armagnac
  • celle de Grégoire XII, qui conserve en Italie plusieurs villes du royaume de Naples et toute la Romagne, ainsi que la Bavière et le palatinat du Rhin.

Il faudra attendre le concile de Constance, réuni à partir de 1414 pour que se règle définitivement le problème du Grand Schisme.

5 avril 2013

Jean sans Peur

Jean sans PeurJean sans Peur fut le second duc de Bourgogne. Il est né le 28 mai 1371 à Dijon et est mort (assassiné) le 10 septembre 1419 à Montereau-Fault-Yonne.

Petit fils de Jean II, il est le cousin du roi Charles VI, il était un prince français de la maison capétienne de Valois. C'est lors d'une croisade menée à l'appel du roi Sigismond de Hongrie, contre les Ottomans, que Jean gagna le surnom de "sans peur". Il commandait le contingent français, mais la bataille se termina en septembre 1396 par le désastre de Nicopolis, où les croisés furent vaincus par le sultan Bayezid Ier.

Il a poursuivi la consolidation de l'État bourguignon, politique entreprise par son père, Philippe II (dit le Hardi). Par un habile mariage avec Marguerite De Flandre, il va devenir maître d'un ensemble territorial considérable, avec des villes comme Lille, Bruxelles et Bruges, et donc s'enrichir énormément. Mais cette orientation vers le nord, va l'éloigner de Paris, et ses relations avec le pouvoir royal vont se dégrader au gré de l'assurance qu'il va acquérir dans son domaine.

Mais parce qu’il avait besoin des finances royales pour développer sa principauté et que ses intérêts se heurtaient à ceux du frère du roi, Louis d’Orléans, Jean sans Peur va faire assassiner ce rival en 1407. En commanditant le meurtre de son cousin, le duc de Bourgogne entraînera la France dans la guerre civile entre les factions bourguignonne et armagnac (laquelle cherche à venger Orléans), qui se disputaient alors la capitale et la régence. Ces troubles contribuèrent à relancer la Guerre de Cent ans.

En 1409, profitant d'une brève accalmie dans les tensions qui animaient la capitale, il va faire construire un somptueux hôtel particulier dans Paris. A ce jour, la tour, achevée en 1411, existe toujours et peut se visiter, rue Etienne Marcel.

Jean sans Peur sera assassiné à son tour en 1419 alors qu’il tentait une énième réconciliation avec les Armagnacs pour tenter de parer au péril anglais.

C'était un homme vif, à la fois mécène et bon vivant, dont on connaît plusieurs maîtresses, un grand nombre d'enfants illégitimes, et le goût prononcé pour les intrigues et manœuvres politiques. De toutes évidences, ce devait être une personnalité exceptionnelle.

8 février 2013

Editions Imperiali Tartaro

Editions Imperiali Tartaro

Pour mon prochain roman, je viens de signer aux éditions Imperiali Tartaro. Ce nom ne vous dit rien ? Normal, il s'agit d'une maison d'édition qui renaît de ses cendres... En effet, historiquement orientée dans la publication et la promotion des intellectuels, des savants et des artistes des XVIIème et XVIIIème Siècles en Italie, cette Maison d'Edition familiale, créée en 1690 à Rome reprend le cours de son histoire aujourd'hui, par l'initiative d'un descendant de la famille : Marc Imperiali, en accord avec la philosophie et les valeurs du fondateur : Giuseppe Renato Imperiali.

A paraître en octobre 2013, mon roman va inaugurer la Collection Oria, pour les futurs romans historiques de cet éditeur.

Prochainement, je reprendrai donc le blog avec de nouveaux articles permettant de dresser le contexte historique de ce roman.

6 avril 2012

Expositions à Paris : Le vin au Moyen-Âge, le duc de Berry, les miniatures flamandes & Cluny 1120

Le vin Toujours à la Tour Jean sans peur à Paris, a lieu du 11 avril 2012 au 11 novembre 2012 (du mercredi au dimanche, de 13h30 à 18h) une nouvelle exposition commissionnée par Danièle Alexandre-Bidon sur le vin au Moyen Âge. Vaste sujet, qui sera abondamment repris dans un numéro hors série de l'excellente revue Histoire et Images médiévales, à paraître prochainement.

En ce moment également : la superbe exposition des "Belles Heures du Duc de Berry" au musée du Louvre, où l'on peut admirer de somptueuses enluminures d'une finesse inégalée, oeuvres des frères de Limbourg, auteurs également des "très riches heures" : louvre.fr

Toujours dans le même registre, on ira à la BNF, cette fois-ci, voir l'exposition sur les miniatures flamandes : bnf.fr

Enfin, au musée du Moyen Age de Cluny, on pourra admirer la reconstitution de la "Major Ecclesia" : http://www.clunisois.fr/cluny1120/ et http://www.musee-moyenage.fr/